Var-Matin (La Seyne / Sanary)

« Dès septembre, le stress monte »

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« En 1978, lorsque mes parents ont acheté cette maison, personne ne leur avait dit qu’elle était située en zone inondable. On leur avait juste demandé si la maison répondait aux normes antisismiq­ues », raconte Jean-Marc, l’un des fils de la famille Vazzotti installée au fin fond de la plaine de l’Argens. Maraîchers de profession, les Vazzotti ont pris de plein fouet les inondation­s de 2010.

« C’est impossible de déménager »

« Les plus horribles, selon Jean-Marc. Cette nuit-là, j’avais l’impression d’avoir du sable dans la gorge tellement j’étais angoissé. Mon père était parti à Nice, et ma mère était restée seule à la maison. Le téléphone ne passait plus. Lorsque j’ai pu la rejoindre, elle était assise sur une chaise, plongée dans le noir, seule dans sa cuisine. Au petit matin, elle a été l’une des premières à être hélitreuil­lée… » L’exploitati­on noyée sous 2 mètres d’eau, neuf véhicules ont également été emportés lors de ce 15 juin 2010. Dix ans plus tard, Jean-Marc Vazzotti se pose inlassable­ment la même question : « Qu’est-ce qui a été fait depuis ? Il y a bien des travaux sur la Nartuby et sur un quartier de Roquebrune, mais sur la plaine de l’Argens ? » Une interrogat­ion d’autant plus d’actualité qu’au mois de novembre dernier, les inondation­s ont de nouveau englouti l’exploitati­on

Vazzotti. « Cette fois, le niveau de la montée des eaux était de 25 cm inférieur par rapport à 2010. Malgré tout, j’ai à nouveau perdu tout mon stockage. Désormais, on sait bien qu’on aura une nouvelle inondation, mais on espère tous qu’elle sera la plus acceptable possible. » Malgré tous les aménagemen­ts réalisés pour mettre à l’abri matériel et production, l’angoisse plane toujours. « Lors de la belle saison, nous vivons, en pleine nature, dans un véritable petit paradis. Mais chaque année, dès septembr,e le stress monte, insiste JeanMarc avant de souffler. On nous a bien conseillé de déménager mais aujourd’hui ma maison et le reste ne valent plus rien. Je lâche tout et je repars à zéro ? Je n’en ai pas les moyens. Aujourd’hui, je vis avec ce risque permanent au-dessus de la tête. »

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Dans le vaste hangar de l’exploitati­on Vazzotti, Jean-Marc enregistre les niveaux d’eau engendrés par les inondation­s successive­s.

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