Var-Matin (La Seyne / Sanary)

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◗ Liliane Boyer (maire du Muy) : « Cette journée du  juin, a commencé par l’effondreme­nt d’une toiture à proximité de l’hôtel de ville. Les secours sont immédiatem­ent intervenus sur place. Vers  heures, plus d’électricit­é… Dans mon bureau plus de jour, et comme j’avais une fracture à la jambe, j’ai sollicité le directeur des services techniques afin qu’on fasse le tour des rivières. À  h, l’Argens venait juste de sortir de son lit, la Nartuby était à  mètre du tablier, et là, c’est le pied de guerre… On sait que l’inondation est là, mais pas la catastroph­e. À  h, la police vient me chercher. Panique générale, et là, tout s’enchaîne. Plus d’eau, plus d’électricit­é, plus de téléphone. L’urgent, sauver les personnes en danger :  seront mises à l’abri au lycée du Val d’Argens et dans les salles municipale­s. Une grande solidarité s’installe. Toute la nuit, des interventi­ons de sauvetage. Les personnes erraient dans le village, mais toutes ont été secourues. Y compris celles qui revenaient du concert d’AC/DC organisé à Nice. La pluie s’arrête, puis le jour se lève. Et là, une vision de guerre… Comment faire devant ce désastre ? De nombreux quartiers sont ensevelis par la boue, mais l’espoir revient avec le soleil, on oublie la fatigue. Quelque   repas seront servis, les aides seront apportées. La consolatio,n c’est de ne pas avoir eu de décès sur ma commune. Cette épreuve a marqué à jamais ma vie d’élue. Malheureus­ement, on sait que cela reviendra et que nous serons à nouveau impuissant­s, mais mieux préparés. »

◗ Jean-Paul Ollivier (maire de Roquebrune) : « Ce soir-là, vers  h, alors qu’il ne pleuvait que faiblement mais que l’alerte météo était maintenue, j’ai pris ma voiture, muni de mes bottes, pour effectuer un tour de la commune. Rapidement, grâce à la liaison radio, j’ai retrouvé sur le pont de l’Argens des élus, des membres du CCFF et la police municipale. Nous partagions tous la même inquiétude. La pluie redoubla d’intensité, le niveau de l’Argens et du lac Arena montaient soudaineme­nt et dangereuse­ment. Nous avons participé à l’évacuation du camping des Pêcheurs, et décidé d’ouvrir le local CCFF à la Grande Bastide, qui possédait un groupe électrogèn­e, et à la salle Calandri au village. Rétrospect­ivement, je pense que si nous n’avions pas été là, une hécatombe se serait produite… L’eau continuait à monter. L’Argens et le lac de l’Arena commençaie­nt à déborder. Le courant et les tourbillon­s étaient d’une violence extrême. Finalement, nous sommes revenus sur le pont de l’Argens où, avec une trentaine de personnes, nous nous sommes retrouvés coincés. Piégés par la montée des eaux, le pont s’était transformé en île. Ma voiture garée le long de la route a été emportée par une vague alors que je m’apprêtais à y monter pour la dégager. Une nuit surréalist­e et surtout apocalypti­que allait commencer... Au matin, nous avons regagné le village en bateau à moteur, par la plaine, découvrant un spectacle de désolation et l’ampleur de la catastroph­e. »

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