« Les familles nous ont manqué »
« Les familles nous ont manqué » : ce cri du coeur vient des personnels de l’hôpital Clemenceau, où deux unités Covid-19 avaient été ouvertes durant la crise sanitaire. « Cela a été un choc émotionnel pour tout le monde, commente Guylène, animatrice. Les équipes, en plus de gérer ce qu’elles avaient à faire, ont fait le lien. Je suis arrivée en support et en complément pour bien sûr appeler les familles, faire des petites vidéo notamment pour les anniversaires, veiller aussi à ce que les résidents aient le téléphone à porter, et donner des nouvelles aux familles, tout simplement. » Dans un deuxième temps, il a fallu organiser les visites. Ici, la décision n’a pas été d’imposer des créneaux aux familles. « Nous avons fait le maximum pour que des personnes puissent venir à des heures décalées mais organisées sur les services (deux Ehpad de 40 lits et deux unités de soins longue durée de 36 lits, sans oublier l’unité de soins en réadaptation) » .« Ce qui m’a beaucoup touché pendant la période de confinement, c’est que les familles avaient besoin de parler. J’ai essayé d’être une écoute pour les résidents, et aussi pour les familles pour rassurer chacun d’eux », ajoute Guylène. Mais elle avoue. « C’était très dur. »« Pour tout le monde », consent Christelle Mancho, cadre supérieure de santé aux côtés d’un cadre de santé. « Nous avons eu l’impression d’être entré dans leur intimité, et d’avoir été le témoin de choses précieuses qu’on ne voit pas sans cette situation unique. » « Cela a été une très belle aventure humaine. C’est bien souvent dans des situations difficiles qu’il émerge des choses extraordinaires. Il y a eu une union des familles avec nous, et nous avec eux. Ce fut de belles rencontres. » « Au sein des équipes, nous avons eu des renforts. Tout s’est bien passé dans une bonne ambiance et avec une grosse solidarité et beaucoup de soutien », explique Christelle Mancho, rappelant la présence d’une cellule de crise avec la direction des soins, les cadres et les médecins. « Il y a eu, durant cette crise, cette prise en soin de l’autre par juste un mot.» Dans ce « monde d’après... », le « prenez soin de vous » prend tout son sens.