Le retour de Macron devant les Français ce soir
Trois mois après avoir mis à l’arrêt le pays, le Président va exposer ses projets de redémarrage du quinquennat, moins de deux ans avant l’échéance présidentielle
Emmanuel Macron présentera, ce soir, aux Français ses projets afin de relancer son quinquennat, avec en ligne de mire, bien entendu, 2022... Le Président devrait d’abord s’exprimer sur les sujets d’urgence liés à la crise, à commencer par la troisième étape du déconfinement prévue le 22 juin et ses principaux enjeux : la réouverture des restaurants en Ile-de-France, l’assouplissement des règles dans les écoles et la levée de l’interdiction des rassemblements de plus de dix personnes. Pour faire le point sur le virus, il a réuni, vendredi, son conseil scientifique et un conseil de défense sanitaire, mais rien n’en a filtré dans la foulée, dans l’attente de son allocution. Emmanuel Macron devrait aussi revenir sur sa gestion de la crise, dont il n’a guère tiré de bénéfices politiques, sa cote de popularité continuant de baisser à l’inverse de celle du Premier ministre Edouard Philippe. Cette allocution devrait aussi permettre à Emmanuel Macron, contraint de gérer l’urgence depuis trois mois, d’enfin commencer à se projeter sur l’après-Covid. Il semble trop tôt pour présenter le plan de relance prévu à la rentrée. Les résultats du Ségur de la santé pour renflouer l’hôpital pourraient, par ailleurs, faire l’objet d’une nouvelle allocution en juillet. Mais à une semaine de la fin des travaux de la
Convention citoyenne pour le Climat, le chef de l’Etat pourrait évoquer ses intentions sur l’écologie, affichée comme une priorité de la fin du quinquennat. Les propositions de la convention pourraient faire l’objet d’un référendum, une hypothèse toujours envisagée selon son entourage.
« Etape » plus que réinvention
Emmanuel Macron a évoqué pendant la crise sa volonté de «se réinventer », puis parlé, plus simplement, d’une « nouvelle ère » et d’une « nouvelle étape ». Lors d’un déjeuner avec des éditorialistes jeudi – rapporté par leurs journaux –, il a décrit sa vision de la suite de son mandat. Convaincu d’avoir fait les bons choix depuis trois ans, le Président ne compterait pas les renier. Pas question donc de remettre un impôt sur les plus riches ni d’un « Grenelle des salaires ». Il compte également reprendre le chantier de la retraite par points, malgré le conflit social qu’elle a suscité, et espère rallier des syndicats en revoyant des dispositions clivantes, comme l’âge pivot.
« Dialogue social confiné »
En revanche, il pourrait promettre une nouvelle méthode, moins verticale, en « coconstruisant » ses décisions avec élus locaux ou partenaires sociaux. Tout reste à faire, à en croire les syndicats. L’exécutif a « confiné le dialogue social », selon Laurent Berger (CFDT). Mais le chef de l’Etat est bousculé par un nouveau front, celui des manifestations contre le racisme et les violences policières, après la mort de George Floyd aux Etats-Unis et le rappel de celle d’Adama Traoré en 2016. Selon Bruno Retailleau et Damien Abad, patrons respectivement des sénateurs et députés LR, «il est scandaleux que les déclarations du ministre de l’Intérieur et de la garde des Sceaux aient donné le sentiment d’une présomption de culpabilité de nos forces de l’ordre ». Et de plaider, hier, dans un communiqué : « Le chef de l’Etat doit montrer aux Français qu’il est vraiment un chef et qu’il y a encore un État. » Réponse ce soir.