Vendredi
C’était il y a six mois, c’était il y a un siècle. Le débat battait son plein sur la nécessité d’une réforme de notre système de retraites. Finalement, deux points cristallisaient les oppositions. Fallait-il laisser subsister au nom des droits acquis des régimes particuliers ? Ces régimes génèrent des disparités importantes en termes de montant des pensions et d’âge de départ en retraite, droits financés grassement par le contribuable et non par les cotisations des ayants droit. Sur ce point, l’instauration d’un régime universel recevait des soutiens qui dépassaient certains clivages politiques et syndicaux. La seconde question, purement actuarielle au demeurant, suscitait des controverses acharnées. Y avait-il, oui ou non, un problème de financement des pensions ? Certains soutenaient, contre tout bon sens, que tout allait très bien, madame la Marquise. Bon, il y aurait peut-être une petite impasse, mais hop, on augmente un peu les cotisations, on rétablit l’ISF et passez muscade… Surtout, surtout, pas de réforme « paramétrique », horrible grossièreté destinée à débiner toute velléité de toucher à l’âge de départ. Les faits sont têtus et reviennent en pleine figure des docteurs tant mieux. Cette année, le déficit ne sera pas de milliards mais de… milliards. Et tout cela va aller de mal en pis avec une détérioration massive de la croissance et un chômage explosif, le secteur privé étant en première ligne. Dans tout cela, ce sont les mêmes qui seront protégés, les régimes spéciaux, les fonctionnaires et les retraités. Ces derniers, en particulier, n’ont pas vu leurs revenus touchés par la crise et l’écart entre les revenus des retraités et des actifs se creuse et continuera massivement à se creuser au profit des premiers. Nous avons là un sujet de réflexion éthique qui dépasse largement les embrouilles politiciennes.