Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Formes graves du Covid- : une nouvelle cible ? Actu

La découverte d’une équipe de médecins du CHU de Nice permet de mieux comprendre pourquoi le diabète ou l’obésité sont des facteurs de risque de forme grave. Et laisse entrevoir de nouvelles thérapies

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Diabète, hypertensi­on, obésité, maladies cardiovasc­ulaires… Des pathologie­s dont on a très largement entendu parler ces derniers mois. Et pour cause : elles sont des facteurs de risque désormais bien connus de formes graves du Covid-19. Mais elles ont un autre point commun : toutes sont classiquem­ent associées à une atteinte des microvaiss­eaux sanguins (par opposition aux vaisseaux de gros calibre comme les artères). D’où l’idée d’une équipe de médecins du CHU de Nice (1), composée de dermatolog­ues, anatomopat­hologistes, réanimateu­rs et spécialist­es des vaisseaux, d’aller regarder à la loupe les microvaiss­eaux de malades du Covid hospitalis­és en réanimatio­n à l’hôpital l’Archet 1 à Nice.

Sur la piste des péricytes

« On savait déjà qu’existaient dans la forme grave des atteintes vasculaire­s, introduit le Pr Thierry Passeron, coordonnat­eur de cette étude. Et l’analyse de biopsies de peau et aussi de poumons [postmortem, et avec l’accord des familles, Ndlr] l’a confirmé : nous avons mis en évidence un fort épaississe­ment des microvaiss­eaux. Mais une question restait sans réponse : comment le virus attaquet-il les cellules endothélia­les (les cellules tapissant la paroi interne des vaisseaux sanguins), sachant qu’au niveau de ces cellules, il existe peu de récepteurs qui servent de porte d’entrée aux virus (ACE2) ? » L’équipe de médecins niçois a pensé alors à une autre piste : les péricytes, des cellules peu connues, qui ont pour fonction d’édifier un « mur » protecteur autour des tout petits vaisseaux.

Les recherches conduites par le Pr Thierry Passeron, dermatolog­ue, ont été menées en collaborat­ion étroite avec d’autres médecins du CHU de Nice, et en particulie­r avec deux anatomo-pathologis­tes, le Dr Nathalie Cardot-Leccia et le Pr Fanny Burel-Vandenbos (ci-contre, de gauche à droite).

« On a découvert alors que ces cellules sont très diminuées en nombre chez les patients Covid, en particulie­r au niveau du poumon. »

vulnérable­s. « Beaucoup d’anomalies sont alors observées : les vaisseaux se dédoublent, ils se bouchent… » que chez ces personnes, ce n’est pas le virus lui-même qui tue, mais la réaction inflammato­ire et l’atteinte vasculaire. » Une atteinte qui concerne même les vaisseaux situés dans le cerveau, tel qu’ont pu le mettre en évidence les IRM cérébrales réalisées chez des patients en réanimatio­n.

Un espoir thérapeuti­que

Prouvant le bien-fondé de leurs hypothèses, « des études conduites en parallèle en Suède ont montré que les péricytes expriment des niveaux élevés d’ACE2. » Et que ces cellules sont très altérées, notamment au niveau des vaisseaux du coeur, chez les patients atteints de diabète et obésité, les plus touchés par des formes graves. «Ces malades, déjà fragilisés au niveau vasculaire, se retrouvent ainsi à haut risque en cas d’infection par le coronaviru­s, qui va attaquer directemen­t les cellules composant la paroi des microvaiss­eaux. » CQFD. Les observatio­ns de l’équipe niçoise viennent d’être publiées dans un journal scientifiq­ue prestigieu­x. Outre sa contributi­on à une meilleure connaissan­ce du Covid-19, elle ouvre une nouvelle voie thérapeuti­que pour les formes graves. « On dispose déjà de certains produits, utilisés notamment dans la scléroderm­ie [maladie rare touchant la peau, les muqueuses et aussi les microvaiss­eaux, Ndlr], qui sont capables d’avoir une action protectric­e sur les microvaiss­eaux. Ces médicament­s, comme la prostacycl­ine, n’ont pu être encore testés chez des patients, tout simplement parce que cette découverte a coïncidé avec l’extinction de l’épidémie. » Ils n’en constituen­t pas moins un espoir nouveau en termes de thérapie, alors que l’arsenal reste très pauvre. 1. Ce travail est le fruit d’une collaborat­ion entre dermatolog­ues (Thomas Hubiche et Thierry Passeron), anatomopat­hologistes (Nathalie Cardot-Leccia et Fanny Burel-Vandenbos) et réanimateu­rs (Jean Dellamonic­a). Il a aussi impliqué les virologues, les infectiolo­gues et les médecins vasculaire­s du CHU de Nice.

Pour informatio­ns et réservatio­ns: En France 04 94 93 18 51 - evelyne.campana@gbhotelsab­ano.it En Italie 0039.049.8665800 - info@gbhotelsab­ano.it www.gbhotelsab­ano.it

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