Var-Matin (La Seyne / Sanary)

La place de l’IA dans le diagnostic

Un nouvel outil d’intelligen­ce artificiel­le aide les médecins pathologis­tes dans le diagnostic du cancer de la prostate, en offrant une deuxième lecture très performant­e

- C. MARTINAT

Un outil d’intelligen­ce artificiel­le au service du diagnostic du cancer de la prostate : baptisée Galen™ Prostate, cette innovation a été mise au point par la société israélienn­e Ibex Medical Analytics, en partenaria­t avec une équipe de médecins anatomo-pathologis­tes varois du réseau Medipath, qui assure chaque année 70 000 diagnostic­s de cancer, dont des cancers de la prostate.

Un outil de détection et de classement

« Ce sont des cas très variables, pour lesquels il faut évaluer à la fois la taille du cancer et ses signes de gravité, expliquent le Dr Anne-Flore Albertini et le Dr Delphine Raoux. L’outil d’intelligen­ce artificiel­le développé avec Ibex peut nous éviter de passer à côté d’un cas, notamment pour les très petits cancers. Mais ce qui fait son intérêt, c’est aussi qu’il peut rechercher tous les critères histo-pronostiqu­es qui caractéris­ent un cancer, et qui vont permettre d’orienter la prise en charge du patient. » Galen™ Prostate aide donc les médecins pathologis­tes à la fois à détecter et à classer les cancers dans les biopsies.

Une base de données de   lames de biopsies

Comment ? « Ce qui compte avec l’intelligen­ce artificiel­le, c’est la quantité de données, détaillent le Dr Olivier Vire, président fondateur de Medipath, et Stéphane Rossat, directeur scientifiq­ue. Nous avons contribué à augmenter le nombre de données, pour renforcer la robustesse du logiciel et la fiabilité de son algorithme. »

Galen™ Prostate utilise un algorithme qui a été entraîné sur des lames issues d’une base de données de 60 000 lames de biopsies prostatiqu­es réalisées par différente­s institutio­ns, en Israël et en France, représenta­tives de la diversité des diagnostic­s et observatio­ns cliniques. « L’intelligen­ce artificiel­le, c’est très puissant. Nous voulions l’intégrer dans nos process sans la subir. Travailler avec Ibex nous a permis cette intégratio­n dans nos routines de pathologis­tes », précise le Dr Vire.

Galen™ Prostate a obtenu en février dernier le marquage CEIVD (pour « diagnostic in vitro ») qui lui confère le droit de libre circulatio­n sur l’ensemble du territoire de l’Union européenne.

En deuxième lecture… pour l’instant

« Actuelleme­nt, nous l’utilisons pour une deuxième lecture, explique le Dr Raoux. L’IA intervient donc en termes de contrôle qualité (lire par ailleurs), mais nous nous sommes déjà posé la question de faire le contraire : utiliser l’intelligen­ce artificiel­le pour faire le diagnostic, avec un contrôle du médecin pathologis­te dans un deuxième temps. » L’équipe travaille déjà avec Ibex sur ce nouveau projet qualifié de « très prometteur ». « L’IA, c’est l’avenir de la pathologie, est persuadé le Dr Vire. Nous sommes fiers de contribuer à son développem­ent. Mais nous ne perdons pas de vue que c’est bien le médecin qui signe le compte rendu transmis au patient et à son oncologue. »

C’est le prérequis pour utiliser l’intelligen­ce artificiel­le : les lames de biopsies préparées au laboratoir­e – au nombre de  à  pour un dossier prostate – doivent être numérisées. Elles sont lues au microscope par le médecin pathologis­te, qui demande éventuelle­ment les analyses complément­aires immunohist­ologiques nécessaire­s. Le lendemain, avant de valider son compte rendu, en plus de ces résultats, il dispose de l’analyse des lames par le logiciel. L’outil donne une alerte sur chacune des lames pour lesquelles il trouve un résultat différent de celui qui a été saisi par le médecin au moment de l’analyse microscopi­que. Sur l’image numérisée, l’IA va ajoute une coloration qui indique la probabilit­é de cancer : en rouge, la probabilit­é est supérieure à  %. Outre une lecture facilitée par une très grande qualité d’image, la numérisati­on des lames ouvre d’autres perspectiv­es, en particulie­r un accès plus rapide aux images par un expert sollicité pour les cas complexes.

 ?? (Photos Philippe Arnassan) ?? La lecture des lames de biospsies au microscope, par le médecin, est complétée par l’analyse réalisée par le logiciel d’intelligen­ce artificiel­le. Il indique en couleur la probabilit­é de cancer : en rouge, à plus de  %.
(Photos Philippe Arnassan) La lecture des lames de biospsies au microscope, par le médecin, est complétée par l’analyse réalisée par le logiciel d’intelligen­ce artificiel­le. Il indique en couleur la probabilit­é de cancer : en rouge, à plus de  %.
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Les lames de biopsies sont numérisées pour être analysées par le logiciel d’IA.

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