Var-Matin (La Seyne / Sanary)

«Maflammene

Croiser la route de l’ancien pilote Abarth et Alpine chez lui, à La Garde-Freinet, c’est faire une plongée en apnée dans le sport auto des années 60. C’est aussi, et surtout, honorer les mémoires de Lucien et Jules Bianchi, grand frère et petit-fils tombé

- Propos recueillis par Gil LÉON

Abientôt  printemps, il démarre toujours au quart de tour. Intarrisab­le. Inoxydable. Notre enregistre­ur vocal en sait quelque chose. Dans cette splendide demeure nichée en plein coeur du massif des Maures, à La Garde-Freinet, il a bu les paroles de Mauro Bianchi durant près de quatre heures. De quoi écrire un livre, ou presque. Sauf que l’ouvrage existe déjà. Sorti il y a pile deux ans, « L’histoire des Bianchi » (Benoît Deliège Editions) retrace une épopée familiale à nulle autre pareille jalonnée de joies et de souffrance­s. De victoires et de drames. Même quand il s’agit d’évoquer les disparitio­ns de Lucien et Jules, ce grand frère et ce petit-fils chéris, fauchés l’un et l’autre dans l’exercice de leur passion, l’ancien serviteur des maisons Abarth et Alpine raconte comme il pilotait jadis sur un fil et sans filet : à fond. importants, des grands constructe­urs, des écuries de F prestigieu­ses qui m’ont joué de sales tours, des coups fourrés, des entourloup­es, en utilisant frauduleus­ement mes innovation­s techniques. La suspension contractiv­e, entre autres. Ce livre, je l’ai fait pour nous. (Ton ferme) Il ne sort pas de la famille.

La biographie officielle, elle, commence par évoquer votre grand-père paternel. Luigi Bianchi, on peut dire que c’est le pilier fondateur ?

Personnage créatif et débrouilla­rd. Je ne l’ai pas connu car il est mort d’un cancer à  ans, en , alors qu’il venait d’inventer un moteur d’avion révolution­naire. Un moteur en étoile de deux fois neuf cylindres opposés, soit un

 cylindres. d’aéronautiq­ue. Espoir déçu. Ses aptitudes de mécanicien seront tout de même remarquées et il intègrera l’écurie du champion belge John Claes.

Comment Lucien a-t-il plongé dans le grand bain de la compétitio­n ?

Tandis que je privilégia­is mes études d’ingénieur, lui travaillai­t avec notre père. Habile de ses mains, il est sollicité pour disputer des rallyes comme coéquipier­mécanicien à partir de . Son coup de volant se révèle illico. Lucien devient pilote de l’équipe nationale belge. Il découvre les  Heures du Mans en . Un an plus tard, il y remporte la catégorie moins de  litres. Puis enchaîne trois victoires au Tour de France automobile en compagnie d’une autre « pointure », Olivier Gendebien : , ,  !

Et vous ?

Moi, à  ans, j’arrête les études. Je veux bricoler des voitures de course, donc je rejoins mon père. En me voyant roder les F de ses pilotes sur circuit, ici et là, Pierre Stasse, le président de l’équipe nationale belge, décide de m’inscrire sans me le dire à l’épreuve de détection nationale. En , je me retrouve donc un beau matin sur le tracé de Zandvoort avec d’autres espoirs. Lucien a la trouille que je me fasse mal, il me met une pression folle. Malgré cela, en quelques tours, j’égale les temps de référence établis par Willy Mairesse et Paul Frère. Boum ! Je m’aperçois que je suis capable d’aller vite. Je ne m’en doutais pas un instant...

Mon ange gardien tenait la super forme ”

Où débute votre carrière ?

Au Grand Prix des Frontières, à Chimay. Directemen­t en F ! D’entrée, je veux frapper les esprits. Décrocher la pole, puis gagner après avoir mené de bout en bout, voilà mon seul et unique objectif. A vrai dire, ce changement de vie m’est monté à la tête. J’ai pris le melon ! (Large sourire)

 ?? (Photos Jo Lillini) ?? Que ce soit pour évoquer sa propre carrière (ci-dessous, une image d’archive avec Hans Herrmann et Carlo Abarth) ou pour se souvenir de l’ascension fulgurante de Jules, dont il conserve précieusem­ent le casque, Mauro Bianchi ne fait pas semblant d’enclencher la marche arrière. Toujours à fond !
(Photos Jo Lillini) Que ce soit pour évoquer sa propre carrière (ci-dessous, une image d’archive avec Hans Herrmann et Carlo Abarth) ou pour se souvenir de l’ascension fulgurante de Jules, dont il conserve précieusem­ent le casque, Mauro Bianchi ne fait pas semblant d’enclencher la marche arrière. Toujours à fond !
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