Var-Matin (La Seyne / Sanary)

S’est jamais éteinte »

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Mais je suis vite retombé sur terre. Le moteur de ma Cooper-Climax toute neuve casse au bout de  tours en qualif’. Résultat : e temps. Furax, je démarre la course le couteau entre les dents. Et dès la première boucle, un excès d’optimisme en tentant de dépasser Ron Flockhart à l’extérieur d’une longue courbe m’expédie en tonneaux à plus de  km/h. Terminus. Ejecté de la voiture, je finis la cabriole au milieu de la piste. Une quinzaine de concurrent­s me frôlent, à droite, à gauche, dont Lucien. Je me releverai avec une côte fêlée. Et plus de peau sur le dos. Rien d’autre ! Mon ange gardien tenait déjà la super forme...

La période Abarth et la période Alpine sont-elles au même niveau sur votre échelle de valeurs ?

(Du tac au tac) Si vous me demandez de comparer, je vous réponds que ce fut l’eau chaude et l’eau froide. Carlo Abarth, lui, il a voulu me dresser comme son fils. Un passionné pur et dur, quel caractère ! Il me demandait de faire des trucs de malade, invraisemb­lables. Pire que le service militaire. Le livre comprend quelques anecdotes édifiantes. Regardez, vous allez vous marrer. L’histoire ne durera que deux ans (, ). Suffisant pour participer à la conquête de trois titres mondiaux constructe­urs en GT avec mon coéquipier Hans Herrmann.

Et l’eau froide, alors ?

Le patron d’Alpine se situait exactement aux antipodes du bouillant « Commendato­re » Abarth. Jean Rédélé, c’était un gentleman, l’élégance personnifi­ée. Il incarnait un tout autre esprit, une autre philosophi­e de la course.

Bref, en , j’ai changé de monde. Sans parvenir à étoffer mon palmarès, hélas. Chez Alpine, il nous manquait des chevaux sous le capot, en F comme en Endurance. Et puis la fiabilité nous faisait trop souvent défaut. Tenez, au Mans, j’ai toujours été freiné par des pannes. Deux heures d’arrêt au stand, c’était le minimum chaque année !

La différence numéro  entre Lucien et vous volant en main ?

Moi, je fonçais tête baissée. Conditionn­é par Abarth. Lui, il pilotait de manière plus réfléchie, intelligen­te. Lucien c’était mon grand frère. Mon héros, aussi.

Après son accident mortel survenu lors des essais préliminai­res des  Heures du Mans, en mars , vous tirez un trait sur la compétitio­n,

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