Hyères retire des réseaux une pub touristique décalée
Avec ses fausses boîtes de médicaments pour « lutter » contre le manque de baignade et de soleil, l’office de tourisme a lancé une drôle de campagne de pub... avant de retirer les images 24 h plus tard
On connaissait le phénomène des publicités adaptées au confinement qui ont fleuri sur les réseaux sociaux. Des campagnes pas toujours adroites, mais parfois nécessaires pour certains commerces afin de subsister. Pour attirer l’attention, l’office de tourisme hyérois a voulu surfer sur la tendance, dans sa nouvelle campagne promotionnelle publiée sur Facebook et Instagram mercredi 17 juin vers 17 heures. Une initiative insolite dans le cadre si officiel et normé d’une opération de pub institutionnelle, qui a immédiatement fait mouche : en moins de 24 heures, les publications ont reçu des dizaines de commentaires plutôt positifs, ainsi qu’une soixantaine de partages sur Facebook.
Les visuels retirés
Malgré tout, hier vers 16 heures, l’office de tourisme a suspendu cette campagne. Alors que nous avions réussi à joindre les équipes quelques minutes plus tôt afin d’en savoir plus sur cette initiative décalée, nos questions sont finalement restées sans réponse. Et, surtout, les visuels ont été entre-temps retirés. Sur quatre différentes images, les VRP du tourisme de la cité des palmiers utilisaient de fausses boîtes de médicaments comme argument publicitaire. Comme des stars de rayon de pharmacie, les produits étaient désignés en lettres capitales : Porquerolloquine 43,6 mg, LeLevantozalium 83,400 mg ou encore PortCrosilium 83. Vous l’aurez compris, ces drôles de cartes postales évoquaient les sublimes sites naturels de la cité des palmiers (Porquerolles, Port-Cros et l’île du Levant), dont les rivages sont très fréquentés, notamment l’été.
« L’abus de Porquerolles n’est pas dangereux »
Le détournement forçait notamment le trait autour de l’hydroxychloroquine, médicament indiqué en rhumatologie, dont l’efficacité du traitement cher au professeur Didier Raoult est très contestée pour soigner le Covid-19. Sur fond de criques à l’eau cristalline et autres paradis marins, les slogans hauts en couleur jouaient eux aussi la carte de l’humour. Morceaux choisis : « Porquerolles vous manque ? Vous avez peut-être la ‘‘Porquerollite’’. Dès les premiers symptômes, venez vite à Hyères sous le soleil du Sud. » Ou encore : « LeLevantozalium. La liberté. La vraie ! » Derrière le coup marketing, une offensive commerciale percutante sur les touristes de tous bords à l’ère du déconfinement. « L’abus de Porquerolles n’est pas dangereux pour la santé. Prescription préconisée de Porquerolloquine 43,6 mg ou de bons plans de l’office de tourisme », pouvait-on lire sur les visuels, comme un clin d’oeil aux campagnes de santé publique. Laissant à tout un chacun le soin de tirer des plans sur la comète. Sauf que la fusée Porquerolloquine a explosé en vol. L’efficacité du remède antidépresseur a été subitement remise en cause ce jeudi, provoquant son retrait prématuré. Une marche arrière qui faisait – injustement – penser à celui des essais sur... la chloroquine.