A : la mauvaise conduite des chauffeurs poids lourds dans le
Dans un grand bruit de freinage, encadré par les gendarmes, le poids lourd marocain s’immobilise lourdement juste après le péage de Saint-Isidore. Dans la fureur bruyante de l’A8, un élément interpelle : une forte odeur de brûlé émanant des essieux. À la vue des gendarmes, le chauffeur a écrasé les freins, faisant rougeoyer et surchauffer les plaquettes de freins, au risque de mettre le feu à son camion. Et pour cause, il avait lancé son 38 tonnes à plus de 90 km/heure dans la descente de Crémat à Nice, soit 40 km/h au-dessus de la vitesse autorisée. Cent soixante poids lourds, de toutes nationalités, ont été interceptés. Au point d’embouteiller par moments l’aire de contrôle installée par les gendarmes après le péage niçois de Saint-Isidore, dans le sens Italie-France.
Un hélicoptère en appui
Hier toute la journée, trente gendarmes de l’Escadron départemental de sécurité routière (EDSR) des Alpes-Maritimes ont mené une vaste opération de contrôle sur l’A8, en mode rasoir « multilames ». Les militaires préfèrent le terme de « contrôle en cascade ». La méthode est imparable : une première équipe était positionnée au péage de La Turbie, une deuxième à SaintIsidore, et une troisième au péage d’Antibes. De nombreux automobilistes et conducteurs de poids lourds sont tombés dans les mailles du filet. Pensant avoir échappé au premier contrôle, certains ont eu le pied lourd sur l’accélérateur ou ont repris le téléphone portable qu’ils avaient précipitamment raccroché à La Turbie à la vue des forces de l’ordre. Non loin du radar automatique de la descente de Crémat, un gendarme caché dans les buissons repérait hier tous les types d’infractions. Un hélicoptère est venu en appui du dispositif dans l’aprèsmidi. Il a embarqué Renaud Benne, commandant de l’Escadron départemental de sécurité routière et le nouveau directeur de cabinet du préfet des Alpes-Maritimes, Rémi Recio. « Nous travaillons sur toutes les infractions, commente Renaud Benne. Les dépassements, la vitesse excessive, le téléphone au volant, mais aussi les infractions à la législation européenne sur le temps de conduite ou les stupéfiants. » Un chien de l’équipe cynophile était d’ailleurs mobilisé à Antibes hier matin et à La Turbie hier aprèsmidi. À Saint-Isidore, huit fonctionnaires de la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) étaient en soutien. À charge pour eux de plonger les mains dans le cambouis numérique du chronotachygraphe, la « boîte noire » des poids lourds. Ces spécialistes peuvent analyser toutes les données. Un logiciel permet alors d’avoir les éléments d’identité sur le conducteur, mais aussi son activité, remontant jusqu’à 29 jours en arrière. Sous nos yeux, les experts ont ainsi découvert une infraction au temps de pose remontant au... 22 mai. Le conducteur ne s’était reposé ce jour-là que neuf heures au lieu des onze réglementaires. L’infraction a été sanctionnée de 135 euros.