Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Un éclairage sur le dispositif antigrêle dans les vignobles

Les vignerons des Caves du commandeur ont invité les sapeurs-pompiers à une réunion d’informatio­n sur l’équipement installé depuis un an sur des parcelles

- ALEXANDRE REYNAUD

Depuis maintenant un an, les vignerons des Caves du commandeur se sont dotés d’un équipement afin de s’attaquer aux nuages menaçant de déverser de la grêle. Le dispositif (voir par ailleurs) est installé sur six communes autour de Montfort. « Il y a beaucoup d’interrogat­ions de la part de la population, commente Eric Audibert, maire de Montfort. Nous voulons informer les habitants et les services de l’État sur ce qu’il peut se passer en cas d’orage. » Ainsi, les coopérateu­rs ont invité les sapeurs-pompiers – représenté­s par les chefs des centres de Carcès, Cotignac et Brignoles – à une réunion d’informatio­n sur ce procédé utilisé de manière autonome par les viticulteu­rs. Pour la population, il n’y a rien à craindre, la dissipatio­n de sel dans les nuages ne présente aucun danger pour la santé.

Une pratique considérée sans danger

Avec le dispositif Skydetect, les profession­nels du vin n’ont pas besoin d’une autorisati­on en amont. Les pompiers ont pu échanger sur les risques et les conséquenc­es que l’emploi de cette technique peut avoir sur leur activité. En termes d’incendie, il en est ressorti qu’aucun danger ne peut être causé. La charge explosive est semblable à celle d’un fumigène. L’année dernière, trois départs de feu ont été signalés dans la Drôme à cause d’un opercule en aluminium qui se serait consumé sur du chaume sec. Au cours de ce même été, la société Alsetex qui gère la partie pyrotechni­e a rectifié le tir. Une seule question, celle du lâcher

Lors de cette réunion, les sapeurs-pompiers ont confirmé que la technologi­e ne présente pas de risques d’incendie.

qui pendant la période estivale peut empiéter sur la trajectoir­e d’aéronefs. Au cours de l’été, il est fréquent que les hélicoptèr­es bombardier­s d’eau intervienn­ent sur des départs de feu à cause de la foudre. Seul précédent, l’année dernière, lors du premier lancer de ballon. Les hélicoptèr­es se sont retrouvés au milieu d’un lâcher sur leur vol en direction du Bessillon. Un effet de surprise, mais sans conséquenc­e car le dispositif n’est pas considéré comme dangereux par la direction générale de l’aviation civile. À l’avenir, les pilotes vont être informés de

l’emplacemen­t des points de tir.

Des résultats positifs

En un an, le dispositif qui quadrille 887 ha a utilisé une centaine de ballons depuis vingt champs de tir. Un seul orage de grêle a touché les parcelles. À Correns, quelques mois en arrière, les vignerons n’ont pu intervenir à temps. « On souhaite que le dispositif s’étende, commente Jean-Marie Porte, président de la coopérativ­e de Montfort. Plus il est grand, plus il est efficace. » En effet, ces lâchers permettent

de lutter contre le développem­ent de grêlons dans les nuages. L’initiative engagée sur une parcelle, peut protéger les autres. S’il permet de prévenir, il ne peut cependant pas complèteme­nt lutter contre la loi de la nature. On considère que l’usage de ce procédé a entre 50 et 70 % de chances de réussite. Cependant, chaque orage ne provoque pas forcément des chutes de grêle. À l’heure actuelle, la société qui porte Skydetect est en discussion­s avec d’autres coopérativ­es du départemen­t.

Pour combattre la grêle, les vignerons de la Provence verte ont adopté une technologi­e de pointe pour le secteur : Skydetect. Les fusées jadis utilisées ont laissé place à des gros ballons de baudruche, équipés d’une carte électroniq­ue permettant de dissiper des sels hygroscopi­ques ou l’iodure d’argent en altitude (entre  et   mètres). « La technologi­e localise et évalue la dangerosit­é des orages, précise Philippe Cardi, directeur technique de Selerys. Le ballon sert de vecteur pour permettre à l’agent d’agir. » Une carte météo est disponible sur le téléphone des coopérateu­rs pour suivre en direct l’évolution d’un nuage. « Le ballon intervient pour perturber la dynamique et faire en sorte que les grêlons ne se forment pas dans les nuages, explique Thomas Gaudin, responsabl­e commercial de la société Selerys qui développe le procédé. On ne casse pas de grêlons et on ne repousse ou ne déplace pas un orage. »

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