L’album sauvé des eaux
À l’occasion, ce samedi, du Disquaire Day, dont il est le parrain cette année, Étienne Daho sort un vinyle de reprises, en hommage à ses idoles
PAR JIMMY BOURSICOT
Depuis un bon bout de temps déjà, on le dépeint comme le « parrain » de la pop française. Celui qui aurait la main pour adouber les jeunes pousses, leur donner de la force et une ligne directrice, les guidant vers des mélodies élégantes, des textures synthétiques et des sentiments doux-amers. Cette année, pour le Disquaire Day, Étienne Daho endosse aussi le rôle de parrain, de manière officielle, cette fois. Pour éviter l’annulation pure et simple, l’événement (qui devait se dérouler au mois de mars) se découpera en quatre journées. Afin d’éviter la promiscuité autour des bacs des magasins indépendants, un système de précommandes a été instauré. Le premier round aura lieu ce samedi (les suivants sont programmés les 26 août, 26 septembre et 24 octobre) et dans la liste des vinyles pressés spécialement pour ce rendez-vous, on trouve une « galette » signée Daho. Baptisée Surf, elle embarque dix reprises en anglais. Simple effet d’aubaine pour faire les poches des collectionneurs ? Le penser ne serait pas totalement insensé. La quasi-totalité des dix morceaux ont déjà été intégrés à d’autres disques. Cinq figuraient sur Be My Guest Tonight, un EP datant de 2007. Et quatre autres ont pu être entendus sur la réédition de Réévolution. Le seul inédit au programme se trouve au début de la face A. Il s’agit d’une interprétation de Falling Love, un morceau enregistré il y a cinquante ans par Dennis Wilson, batteur des Beach Boys, frère de Brian et Carl, mort par noyade à l’âge de trente neuf ans.
Un projet lancé il y a seize ans
Daho n’a jamais caché son amour pour le groupe californien. Il semble éprouver la même passion pour tous les autres grands noms dont il a emprunté une chanson ici. Et c’est sans doute ce qui permet d’équilibrer la balance, de comprendre à quel point rassembler tous ces hommages sur un même disque
Smokey Robinson, Audrey Hepburn, Phoenix, Air, les Pet Shop Boys...
compte aux yeux du chanteur. L’idée lui trottait dans la tête depuis longtemps. En 2004, il avait démarré les prises avec Ivan Beck, un guitariste qui l’avait accompagné sur la tournée Réévolution, un an auparavant. L’aventure s’était poursuivie durant l’été 2005, à Ibiza, avec un autre guitariste, Nicolas Dubosc. Puis tout s’était arrêté net. Aujourd’hui, l’album « perdu » prend forme. Il navigue entre les époques et les genres. On entend Etienne Daho piocher dans le répertoire contemporain de Phoenix (Honeymoon )etAir( The Way You Look Tonight), mais aussi s’inviter chez Smokey Robinson & The Miracles (My Girl Has Gone), Hank Williams (I Can’t Escape From You), les Pet Shop Boys (You Choose) ou encore Audrey Hepburn (avec Moon River, chanson du film Breakfast At Tiffany’s). Avec son accent so frenchy et une production dépouillée, l’icône pop parvient à donner de la cohérence à tout cela.