LA SEYNE VIRE À DROITE
Le Rassemblement national en recul. La gauche perd son bastion varois. Les Républicains tirent leur épingle du jeu... Décryptage et analyses ville par ville
Un 5 e mandat pour Vialatte à Six-Fours
Bandol garde Joseph Friedler plébiscité au Beausset
Drôle d’ambiance pour une journée électorale. Sous le soleil et la chaleur estivale. Avec le spectre toujours prégnant du coronavirus. Et plus de 3 mois après le premier round, le 15 mars dernier. C’est dire si le scrutin a pris un « tour » particulier, hier, dans le Var comme partout en France, où beaucoup ont préféré « aller à la pêche », selon l’expression consacrée, plutôt qu’aux urnes. Décryptage d’une élection décidément hors normes.
1 L’abstention
Un peu au-dessus de la moyenne nationale, la participation dans le Var était, à 17 heures, de 40,44 %. En raison de plusieurs recomptages dans la petite commune de Pontevès, dont les résultats définitifs ont été connus cette nuit à 0 h 49, le taux d’abstention global dans le département – soumis à validation du ministère de l’Intérieur – n’a pu nous être communiqué à l’heure où nous bouclons ces pages.
2 Rassemblement national : la chute
Tenu en échec à Puget-sur-Argens où il pouvait espérer remporter la ville, le Rassemblement national (RN) misait sur Le Luc – qu’il avait « acquise » en 2014 – pour conserver son ancrage dans le département. C’est loupé. Aucune nouvelle commune conquise, des scores en demi-teinte dès le premier tour… Le RN fait grise mine dans un département où il avait pourtant largement gagné du terrain ces dernières années. Le parti de Marine Le Pen conserve toutefois son bastion fréjusien, où David Rachline a été élu dès le premier tour. Fréjus est donc, depuis hier, la seule commune RN du Var.
3 Les alliances pas à la noce
Un pour tous. Tous… contre un. Dans plusieurs cités varoises, les adversaires d’hier sont devenus, en quelques semaines, les meilleurs alliés d’aujourd’hui. Ou quand « les ennemis de mes ennemis sont mes amis ». Des alliances jugées par certains contre-nature. Voire opportunistes. Et une stratégie pas vraiment payante à en croire les résultats au sortir des urnes. Au Lavandou, l’écologiste JeanLaurent Félizia, allié aux divers droite Thierry Saussez et Franck Giorgi, n’est pas parvenu à contrer le maire sortant, Gil Bernardi, réélu hier, avec toutefois une courte avance. Même musique à Hyères, où l’ancien maire Jacques Politi (divers droite) – adversaire historique du premier magistrat sortant – allié à l’ex-socialiste William Seemuller (La République en Marche) et à la centriste Chantal Portuese, qui ont fait liste commune, n’a pas réussi à faire vaciller JeanPierre Giran (LR), réélu lui aussi, avec une avance significative Quant à Cogolin, Mireille Escarrat (à laquelle s’étaient ralliés Philippe Vallet et Laurent Daudé) fait chou blanc face à l’ex-Front national Marc-Etienne Lansade, largement en tête.
4 Larmes à gauche
Ni le ralliement de la liste divers gauche tendance écologiste, ni les divisions à droite avec le maintien de Sandra Torres face à Nathalie Bicais, élue hier soir, n’auront pu « sauver » la gauche seynoise et son maire sortant, Marc Vuillemot. Un des rares coups de tonnerre dans le département. Et non des moindres. La 2e ville du Var, la seule qui tendait toujours vers le rose-rouge (Marc Vuillemot avait quitté le Parti socialiste en 2018 pour la Gauche républicaine et socialiste), bascule donc à droite, dans l’escarcelle Les Républicains (lire en page suivante). Reste Saint-Maximin qui rosit, avec l’élection d’Alain Decanis, certes sans étiquette mais qui s’était présenté en 2014 sous la bannière divers gauche contre Christine Lanfranchi-Dorgal, à l’époque UMP et qui avait alors remporté la mise [elle est actuellement sénatrice apparentée LR depuis 2017] désormais… sans étiquette pour ce scrutin municipal.
5 Le jackpot de la prime au sortant
La Seyne, l’exception qui confirme la règle ? Pour la plupart, les maires sortants ont en effet obtenu le renouvellement de la confiance de leurs administrés. Bandol, Saint-Tropez, Six-Fours, Hyères, Le Pradet, La Garde, Cogolin… La tendance, très forte, du premier tour se confirme trois mois plus tard, tandis que la gestion locale de la crise sanitaire est passée par-là. En première ligne, les maires sortants ont eu à gérer cette période sans précédent, faisant souvent le lien entre population et mesures gouvernementales. De quoi un peu plus ancrer leur attachement à leurs territoires.