Var-Matin (La Seyne / Sanary)

« Si on atteint les  % ce sera pas mal... »

Le déconfinem­ent et le vent de liberté qui l’a accompagné n’ont pas poussé les électeurs dans les bureaux de vote. Ambiance d’un second tour étrange à La Seyne, Le Pradet et La Garde

- P.-L. P. plpages@varmatin.com

À La Seyne-sur-Mer, comme ici à l’école Léo-Lagrange, les bureaux de vote équipés, pour raison sanitaire, d’écran en Plexiglas, avaient des airs de guichet de banque.

Prévu initialeme­nt le 22 mars dernier, le second tour des élections municipale­s se sera finalement tenu trois mois et demi après un premier tour déjà marqué par la « coronabste­ntion ». Sans refaire le débat sur la sincérité du scrutin, on peut dire que la date tardive – le 28 juin – et le temps estival n’ont pas réconcilié les électeurs de la couronne toulonnais­e avec leur devoir de citoyen.

La Seyne : voter pour pouvoir rouspéter après

Hier midi, c’était plutôt ambiance short et chapeau de paille au groupe scolaire Léo-Lagrange qui abrite les bureaux de vote 206 à 209, à La Seyne. Du moins dans la cour de l’école située à quelques hectomètre­s à peine de la plage des Sablettes. Car pour pouvoir glisser son bulletin dans l’urne, il fallait montrer patte blanche. Et surtout la frotter avec vigueur au gel hydroalcoo­lique. Des mesures plutôt bien accueillie­s par les rares électeurs croisés sur le parking. Parmi eux, Céline, venue « voter les mains dans les poches ». La jeune femme s’était abstenue au premier tour. « Par peur du Covid19 », assure-t-elle. Cette fois, elle n’a pas hésité. Enfin un

peu quand même. « Je viens d’Hyères. » Mais son patron (elle travaille pour une associatio­n…) lui a fait comprendre que « c’était bien de le faire ». Des patrons, à plus de 80 ans, Claude et André, visière en plastique et masque sur le visage, n’en ont plus depuis bien longtemps. Malgré les cannes et les béquilles qui les aident à se déplacer, ils n’ont pas hésité à parcourir le kilomètre qui sépare leur domicile du bureau de vote. « Je ne me souviens pas avoir raté une élection », confie Claude. « Il est nécessaire de voter si on veut rouspéter après », se justifie Alain avec un brin de malice. Avant de repartir de l’avant. Dans son sillage, Claude lâche : « C’est un grand marcheur. Pas forcément d’un point de vue politique… »

Au Pradet, cigales et droit de vote

Plus à l’est, au Pradet, il faut traverser le parc Cravéro pour atteindre le bureau n° 1 situé au rez-de-chaussée de la mairie. Dans les arbres, ça stridule, ça spécule déjà sur les résultats du scrutin. Les cigales font en tout cas beaucoup plus de bruit que les électeurs pas très nombreux en ce début d’après midi. « Ce creux de fréquentat­ion n’a

rien d’inquiétant. C’est classique à cette heure », déclare une assesseuse qui se rassure avec un taux de participat­ion de 41,61 % à 15 heures, « identique, à la décimale près, à celui du 1er tour à la même heure ». À la sortie de l’isoloir, Caroline, la trentaine, n’est pas mécontente d’avoir renoué avec son devoir de citoyenne. « Au 1er tour, je n’ai pas voté. Par solidarité avec les soignants qui peinaient à se procurer des masques et du gel hydroalcoo­lique. Ce n’était pas intelligen­t de maintenir les élections », explique-t-elle. Mais trois mois et demi plus tard, la donne a changé : « Les deux mois de confinemen­t m’ont fait réfléchir Mon vote d’aujourd’hui n’est pas le même que celui que j’aurais fait au mois de mars ». À quelques pas de là, assises à l’ombre de platanes centenaire­s, Marlène et Danièle, venues en voisine de La Garde, ne se sont pas demandé si elles allaient ou non glisser un bulletin dans l’urne. Pas même le virus n’a réussi à les effrayer. « On participe à tous les suffrages. On s’est battu pour le droit de vote, alors on en profite ! », déclarent d’une seule voix les deux soeurs septuagéna­ires. Sur le boulodrome tout proche, Patrick, lui, préfère enseigner

l’art de la pétanque à son fils. « Je n’ai pas encore voté et je n’irai pas. Je suis conscient que c’est un devoir mais, petit à petit, j’ai perdu mes conviction­s. ça reviendra peut-être un jour. »

Participat­ion en berne à La Garde

Les conviction­s, Le néo-Gardéen Christophe en a. En plein déménageme­nt le 15 mars dernier, ce quinquagén­aire avait raté le 1er tour. Mais hier, il était bien présent à l’école maternelle Michel-Zunino. Avec une motivation supplément­aire : « Je viens voter pour que le maire actuel ne repasse pas ». Raté. Il n’aura même pas le plaisir de voir sa carte d’électeur tamponnée. « Pour limiter les contacts au maximum », annonce-t-il, encore surpris. En ce milieu d’après-midi, la question qui taraude les présidents des bureaux 2, 4 et 5, c’est surtout le taux de participat­ion. « Si on atteint les 40 %, ce sera pas mal », confie Roger Murena, conseiller municipal délégué à la démocratie locale et président du bureau n° 2. Dans le bureau voisin, sa collègue Huguette Jonet, conseillèr­e municipale déléguée à l’agricultur­e, partage la même incrédulit­é. « J’ai connu ce bureau grouillant d’électeurs. »  À l’intérieur, le port du masque est requis pour tout le monde, votants comme assesseurs.  La signature des registres s’effectue le plus souvent avec un stylo amené par le citoyen.

 À la sortie, les mains sont encore désinfecté­es.

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(Photos Dominique Leriche)
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