Marseille, Lyon, Paris,
Jamais les Marseillais n’avaient confié les clés de l’hôtel de ville à une femme. Ils ont largement élu Michèle Rubirola ( %), une discrète médecin de quartier de ans. Cette militante écolo de longue date, en rupture de ban avec EELV, emmenait la liste du Printemps Marseillais, un mix original entre militants de gauche et mouvement social. Elle prend le relais de Jean-Claude Gaudin, en place depuis ans, infligeant à Martine Vassal une défaite sèche. Comment expliquer ces dix points d’écart ? Minée par la dissidence d’un autre candidat de droite, Bruno Gilles, la fin de la campagne de la candidate LR a été plombée par des pratiques contestables, parmi ses colistiers, en matière de procurations. Surtout, la fin de l’ère Gaudin a été difficile. Principaux reproches, repris en boucle par les supporters du Printemps Marseillais : l’habitat insalubre, dénoncé depuis l’effondrement de deux immeubles, rue d’Aubagne en , l’état des écoles ou la fracture entre le nord, le centre et le sud de la ville. Camouflet ultime, Martine Vassal perd dans son propre fief. De quoi susciter, peut-être, les regrets d’un Renaud Muselier qui aurait pu se détacher davantage de l’héritage Gaudin... s’il s’était présenté à sa place. À minuit, il refaisait les comptes dans un communiqué, en tenant compte du système électoral local (par secteur) : « Pas de majorité absolue au conseil municipal. Je demande à tous les élus de mettre leurs rancoeurs à la corbeille et de redonner une perspective à Marseille ». Une coalition anti-Rubirola qui irait jusqu’à Samia Ghali, l’ex-PS réélue hier dans les quartiers nord ? Improbable, mais la ville a connu dans le passé des rapprochements tout aussi inattendus.
Mauvaise soirée également pour le RN marseillais qui perd le siège symbolique qu’occupait Stéphane Ravier, maire du e secteur (quartiers nord). Un candidat LR a profité du retrait de la gauche pour lui prendre son écharpe.
Large victoire d’Hidalgo à Paris
Zéro suspense à Paris : la maire sortante Anne Hidalgo remporte une victoire nette à l’issue d’une campagne carrée. À la tête d’un attelage classique autour des partis de gauche, elle a réussi à contenir la poussée écologiste, en multipliant les initiatives, tout au long de son premier mandat, en faveur des déplacements doux et contre la spéculation immobilière. Bref, « une ville plus solidaire qui ne laisse personne sur le bord du chemin» . Elle a aussi profité d’une énorme cacophonie dans le camp présidentiel, qui nourrissait pourtant de grandes ambitions dans la capitale. Dissidence de Cédric Villani, vidéo embarrassante pour Benjamin Grivaux, remplacé au pied levé par Agnès Buzyn. Au final, le score est médiocre ( %). La droite, en revanche, a retrouvé des couleurs, grâce à Rachida Dati ( %), qui a réussi à incarner l’opposition. Et à prendre date. Enfin, la capitale des Gaules tombe dans les bras des écologistes, ville et métropole comprises. Vous ne connaissiez pas Grégory Doucet ? C’est ce candidat écolo qui a relégué hier à plus de points Yann Cucherat (LREM), le favori
de Gérard Collomb : % contre %. Mais pour Europe Ecologie-Les Verts, la conquête de la métropole, dotée de pouvoirs élargis, est tout aussi importante. Celui qui devrait en prendre la tête évoquait hier « un choix historique ». Le mot n’est pas trop fort.