Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Marseille, Lyon, Paris,

- PATRICE MAGGIO

Jamais les Marseillai­s n’avaient confié les clés de l’hôtel de ville à une femme. Ils ont largement élu Michèle Rubirola ( %), une discrète médecin de quartier de  ans. Cette militante écolo de longue date, en rupture de ban avec EELV, emmenait la liste du Printemps Marseillai­s, un mix original entre militants de gauche et mouvement social. Elle prend le relais de Jean-Claude Gaudin, en place depuis  ans, infligeant à Martine Vassal une défaite sèche. Comment expliquer ces dix points d’écart ? Minée par la dissidence d’un autre candidat de droite, Bruno Gilles, la fin de la campagne de la candidate LR a été plombée par des pratiques contestabl­es, parmi ses colistiers, en matière de procuratio­ns. Surtout, la fin de l’ère Gaudin a été difficile. Principaux reproches, repris en boucle par les supporters du Printemps Marseillai­s : l’habitat insalubre, dénoncé depuis l’effondreme­nt de deux immeubles, rue d’Aubagne en , l’état des écoles ou la fracture entre le nord, le centre et le sud de la ville. Camouflet ultime, Martine Vassal perd dans son propre fief. De quoi susciter, peut-être, les regrets d’un Renaud Muselier qui aurait pu se détacher davantage de l’héritage Gaudin... s’il s’était présenté à sa place. À minuit, il refaisait les comptes dans un communiqué, en tenant compte du système électoral local (par secteur) : « Pas de majorité absolue au conseil municipal. Je demande à tous les élus de mettre leurs rancoeurs à la corbeille et de redonner une perspectiv­e à Marseille ». Une coalition anti-Rubirola qui irait jusqu’à Samia Ghali, l’ex-PS réélue hier dans les quartiers nord ? Improbable, mais la ville a connu dans le passé des rapprochem­ents tout aussi inattendus.

Mauvaise soirée également pour le RN marseillai­s qui perd le siège symbolique qu’occupait Stéphane Ravier, maire du e secteur (quartiers nord). Un candidat LR a profité du retrait de la gauche pour lui prendre son écharpe.

Large victoire d’Hidalgo à Paris

Zéro suspense à Paris : la maire sortante Anne Hidalgo remporte une victoire nette à l’issue d’une campagne carrée. À la tête d’un attelage classique autour des partis de gauche, elle a réussi à contenir la poussée écologiste, en multiplian­t les initiative­s, tout au long de son premier mandat, en faveur des déplacemen­ts doux et contre la spéculatio­n immobilièr­e. Bref, « une ville plus solidaire qui ne laisse personne sur le bord du chemin» . Elle a aussi profité d’une énorme cacophonie dans le camp présidenti­el, qui nourrissai­t pourtant de grandes ambitions dans la capitale. Dissidence de Cédric Villani, vidéo embarrassa­nte pour Benjamin Grivaux, remplacé au pied levé par Agnès Buzyn. Au final, le score est médiocre ( %). La droite, en revanche, a retrouvé des couleurs, grâce à Rachida Dati ( %), qui a réussi à incarner l’opposition. Et à prendre date. Enfin, la capitale des Gaules tombe dans les bras des écologiste­s, ville et métropole comprises. Vous ne connaissie­z pas Grégory Doucet ? C’est ce candidat écolo qui a relégué hier à plus de  points Yann Cucherat (LREM), le favori

de Gérard Collomb :  % contre  %. Mais pour Europe Ecologie-Les Verts, la conquête de la métropole, dotée de pouvoirs élargis, est tout aussi importante. Celui qui devrait en prendre la tête évoquait hier « un choix historique ». Le mot n’est pas trop fort.

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