Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Et sa piste aux étoiles

- Propos recueillis par Paul «El Loco» MASSABO Photos : Dominique LERICHE et reproducti­ons

C’était l’adage « Dopage, dégage ». Le technicien reconnaît avoir souffert des ragots qui ont circulé au sujet de sa protégée Christine Arron quand elle avait signé, en 1998, un éclatant 10’’73 (record d’Europe).

La veille de la finale olymde Barcelone, Marie-Jo Pérec, au îneur, fait un léger footing sur le ent alors que ses adversaire­s mulos. Inquiète, elle interroge son nd tranquille­ment : « On va faire çaise. » Et ça a marché !

Et de la défendre en rappelant : « Cette année-là, elle avait couru à onze reprises en moins de 11 secondes. Ce n’était en rien un Ovni, comme on a vu par ailleurs. C’était une stakhanovi­ste de la piste. »

L’extraterre­stre Usain Bolt

De tous les athlètes qu’il a croisés durant son immense carrière, Pia reconnaît avoir été particuliè­rement époustoufl­é par Usain Bolt, qualifié « d’extraterre­stre ». « Je l’ai longtemps suivi sur les pistes d’entraîneme­nt avant de grandes finales, et j’étais effaré de la façon avec laquelle il se préparait. À l’échauffeme­nt avant sa finale olympique sur 200 m, je me souviens qu’il n’avait même pas fait un virage pour se mettre en place. On pouvait même le voir grignoter avant une compétitio­n. C’était impression­nant. De plus, il était toujours souriant, vraiment rien à voir avec le prétentieu­x Carl Lewis. Je pense sincèremen­t qu’Usain, contrairem­ent à d’autres qui ne sucent pas que de la glace, est resté durant toute sa carrière un sprinter propre. Il est, chez les hommes, à l’image de Marie-Jo. »

L’importance de la dynamique de groupe

Si l’athlétisme est avant tout un sport individuel, ce pédagogue né a toujours mis en avant la notion de groupe. « C’est le plus important, explique-t-il. Pour arriver au succès, il faut être dans un groupe dynamique. » Pour avoir oublié ce précepte lors d’un stage à l’île Maurice, naîtra une longue fâcherie avec MarieJo Pérec. Vingt ans après, elle sera effacée à l’occasion d’émouvantes retrouvail­les et quelques chaudes larmes.

Le McGyver des pistes

« Pia », disaient de lui nombre de ses athlètes (de Stéphane Caristan à Dan Philibert en passant par le surdoué Philippe Touret mais aussi Maryse Ewanjé-Epée, Muriel Hurtis ou encore Lynda Ferga…),

« c’était

McGyver », le « Géo Trouvetou » du tartan. C’est, par exemple, en récupérant des mousses de siège d’avion transporté depuis Orly jusqu’à Créteil dans son break que cet entraîneur doté d’un oeil aiguisé a confection­né un sautoir. C’est en mettant bout à bout des kilomètres de pellicules qu’il a montré, enseigné, corrigé, modifié tel ou tel appui, tel ou tel départ, tel ou tel franchisse­ment. « L’entraîneme­nt, c’était mon hobby », semble plaider aujourd’hui encore ce chercheur devenu au fil de son expérience « trouveur ».

Un passage par le RCT

Au début de l’ère Boudjellal et sous la férule de Tana Umaga, il a débarqué au RCT. Un bout de piste a même été édifié à Berg. Il a adoré travailler avec les Rouge et Noir, beaucoup moins avec le préparateu­r physique de l’époque (Sinoti Sinoti) qui faisait faire « n’importe quoi, n’importe comment » . Son bail, il ne le prolongera pas audelà de trois mois. En revanche, nombre de joueurs, à l’image d’Andrew Mehrtens, Gonzalo Quesada mais aussi Marc Andreu ou encore Jean-Charles Orioli, iront régulièrem­ent le consulter pour des séances particuliè­res. « Les rugbymen sont des gens attachants », tranche-til en guise de verdict. Sans appel.

« Tous ces gens qui courent, c’est génial »

Il y a 60 ans en arrière, Jacques Piasenta faisait son footing dans les rues et passait alors à l’époque pour un gentil original.

Sur l’immense stade olympique de Sydney (  spectateur­s) et six mois avant le Jeux, Christine Arron, Frédérique Banqué, Muriel Hurtis et Fabé Dia, ainsi que les remplaçant­s, sont sur place pour prendre leurs repères. Le quatuor tricolore (’’) finira à la place à  centièmes du bronze américain. Dans ce podium de luxe, les Bahamas (’’) et la Jamaïque (’’) décrochent l’or et l’argent. La mode n’était pas encore aux courses sur route et autres marathons à travers la planète. Autre temps, autres moeurs. À présent, il est de bon ton de courir et de montrer qu’on court. Et le précurseur qui grimpe à vélo quasi quotidienn­ement à Notre-Dame du Mai de relever : « Pour moi, c’est vraiment génial de voir tous ces gens courir et qui y prennent du plaisir. Les mentalités ont évolué. La médecine encourage le sport. On l’a vu pendant le Covid tout ce monde qui a ressenti le besoin de courir. C’est formidable ! »

Usain Bolt était toujours souriant. Vraiment rien à voir avec le prétentieu­x Carl Lewis”

« DTN, un métier de fainéant »

Jacques Piasenta, pendant des années aux prises avec les bien-pensants de l’athlétisme, s’est vu mettre des bâtons dans ses chaussures à pointes. Au point de ne pas être accrédité pour certains Jeux Olympiques ! Une aberration audelà de la mesquineri­e. Sur les DTN (Direction technique nationale), le banni de la Fédé n’y va pas par quatre chemins et tranche sans ambages : « DTN, c’est vraiment un métier de fainéant ! » Qui dit mieux ?

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 ??  ??  août . Au JO de Los Angeles, pour la médaille de bronze du  m haies entre Michèle Chardonnet et Kim Turner, les deux athlètes sont en ’’ et au millième près à égalité parfaite. L’Américaine montera sur le podium, la Française restera au pied. Une injustice qui sera effacée sept mois plus tard. Le bronze sera remis à la Toulonnais­e à Bercy dans le plus total anonymat. Une blessure qui ne s’est jamais refermée. À cause de cette anomalie, Omega perdra, faute d’avoir pu départager la photo finish, le partenaria­t avec le CIO au profit de Seiko.
 août . Au JO de Los Angeles, pour la médaille de bronze du  m haies entre Michèle Chardonnet et Kim Turner, les deux athlètes sont en ’’ et au millième près à égalité parfaite. L’Américaine montera sur le podium, la Française restera au pied. Une injustice qui sera effacée sept mois plus tard. Le bronze sera remis à la Toulonnais­e à Bercy dans le plus total anonymat. Une blessure qui ne s’est jamais refermée. À cause de cette anomalie, Omega perdra, faute d’avoir pu départager la photo finish, le partenaria­t avec le CIO au profit de Seiko.
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