Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Roquebrune-sur-Argens : la soirée avait fini au couteau

Gilles Deguergue, accusé du meurtre de son voisin, reconnaît lui avoir porté un coup de couteau mortel, mais nie l’intention de tuer

- G. D.

Gilles Deguergue n’a jamais contesté être à l’origine de la mort de Noël Verneau à Roquebrune­sur-Argens, dans la nuit du 17 au 18 février 2018. En atteste sans ambiguïté l’enregistre­ment de l’appel qu’il a passé à 4 h 07 aux pompiers sur le 18. « Allo ? Je viens de mettre deux coups de couteau à quelqu’un chez moi. Un coup dans l’abdomen et un autre dans le dos. Venez vite, s’il vous plaît. « Mon nom c’est Gilles Deguergue. C’est moi le coupable. »

Un coup mortel dans le coeur

Coupable, mais pas de meurtre, comme il l’a indiqué au président François Guyon hier, à l’ouverture de son procès devant la cour d’assises du Var. « Je reconnais les faits, mais je n’avais pas l’intention de le tuer. J’ai voulu le piquer à l’abdomen, mais j’ai tapé trop haut. Je ne pensais pas toucher des organes vitaux. » En l’occurrence, c’est le coeur qu’a transpercé la lame du couteau, enfoncée de 6 cm dans le sternum de Noël Verneau. S’en est suivie une hémorragie interne qui, comme l’a indiqué le médecin légiste à l’autopsie, a entraîné le désamorçag­e de la pompe cardiaque. « Le délai de survie à ce type de blessure est de l’ordre de trois à quatre minutes. » Les efforts des pompiers et du Samu ont été vains.

Trop de rosé…

Ce qui a frappé les gendarmes, c’est le détachemen­t apparent des deux témoins des faits, les compagnes de l’accusé et de la victime. L’abus d’alcool en était sans doute la cause, les deux couples, vivant dans des maisons mitoyennes, ayant passé la journée et la soirée à boire du rosé, jusqu’à vider quasiment un cubi de 10 l. Selon l’expert toxicologu­e Gilles Deguergue avait une alcoolémie de 2 g/l au moment des faits. Il estimait avoir bu 20 à 25 verres de rosé. La victime avait 2,49 g/l et les deux femmes avaient des alcoolémie­s voisines. Gilles Deguergue a indiqué aux gendarmes avoir porté les coups de couteau à Noël Verneau, sans avoir l’intention de le tuer, en raison du comporteme­nt agressif de celui-ci.

... et de violence

Des déclaratio­ns des uns et des autres, il est ressorti que dans ce contexte d’alcoolisat­ion, la victime, qui avait le vin mauvais, a commencé à s’en prendre à sa compagne. Noël Verneau soupçonnai­t qu’elle le trompait avec des hommes de leur entourage, voire avec Gilles Deguergue. « Il imaginait ça », a confirmé l’accusé, en indiquant que son voisin se trompait.

Après avoir cassé de la vaisselle chez ses hôtes, Noël Verneau était rentré chez lui, puis était revenu vers 3 heures en cassant le portail. Il avait de nouveau brutalisé sa compagne et avait poussé son voisin qui s’interposai­t. « Il me tenait l’avant-bras droit et me tapait sur l’omoplate gauche. J’ai pris le couteau pour me défaire de son emprise », avec l’issue que l’on sait. Aujourd’hui la cour entendra les experts psychiatre et psychologu­e, ainsi que les proches de la victime. Le verdict sera rendu dans la soirée.

PF Michel - La Seyne-sur-Mer 04.94.10.82.82

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(Croquis d’audience Rémi Kerfridin) Le directeur d’enquête de la brigade de recherche de Saint-Tropez a reçu les aveux de Gilles Deguergue.

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