Grasse : le palais épiscopal révèle de mystérieuses arches
En attendant le chantier de réhabilitation, une opération d’écroûtage de la façade a mis au jour une nouvelle galerie au premier étage qui reliait la tour au palais épiscopal. Plongée dans l’histoire
Quelle surprise ! Quelle découverte inattendue ! Un thermographe (sorte d’IRM de la façade) a permis de mettre au jour une galerie supérieure qui reliait la tour de l’évêque au palais épiscopal, à Grasse. On connaissait les arches du rez-de-chaussée, visibles elles, mais les arcades plus petites, juste audessus, sont restées cachées pendant des décennies. Elles ont été révélées en mai dernier à la faveur d’un diagnostic architectural archéologique lancé dans le cadre de la grande rénovation qui devrait débuter prochainement. Plongée dans l’histoire du coeur historique de la cité des parfums.
Le plus bel ensemble épiscopal de la région
La cathédrale, le palais épiscopal et la tour, situés entre les places du PetitPuy et du 24-Août, composent l’un des ensembles épiscopaux les mieux conservés de la région. L’explication est à rechercher dans l’utilisation en quasicontinu au fil des siècles de ces bâtiments datant du Moyen Âge. Si la cathédrale a presque toujours gardé sa vocation religieuse (sauf sous la Révolution, où elle a été utilisée comme grange à foin), les deux autres édifices, eux, sont passés au pouvoir temporel et abritent les services municipaux encore aujourd’hui ; et la tour, le bureau du maire. C’est cette partie qui fait l’objet d’un projet de rénovation et de modernisation, dont la phase « étude avant travaux », subventionnée par l’État, est en cours d’achèvement. Dans le cadre de ce projet de restauration globale du bâtiment et de l’aménagement prévu d’un Centre d’interprétation à l’architecture et au patrimoine, de nouvelles investigations archéologiques ont eu lieu pour préciser la chronologie des ouvrages et affiner le projet.
L’opération d’écroûtage partiel de la façade sud du palais (donnant sur la place du Petit-Puy) en faisait partie. Elle a révélé une ancienne galerie supérieure, bien cachée à l’oeil humain jusque-là, qui permettait aux évêques successifs de passer de la tour au palais épiscopal en restant à couvert. Cette galerie était marquée par huit petits arcs de briquettes et ponctuée d’autant de piliers.
Une e galerie cachée au-dessus de la première
Le passage inférieur, lui, apparaît dans les textes dès le XIIe siècle, révèle l’étude menée en concertation avec la Conservation régionale des monuments historiques, le service archéologique et l’unité départementale de l’architecture et du patrimoine des Alpes-Maritimes. À l’origine, cette galerie au rez-de-chaussée, qu’il est prévu de réhabiliter, présentait trois arcs en plein cintre, composés de briques retombant sur deux colonnes de pierre comportant base et chapiteau, dont il ne reste aujourd’hui qu’un exemplaire visible. Ces éléments en pierre sont vraisemblablement des remplois, explique-ton encore. C’est probablement au cours du XVIIe siècle que deux de ces arcades ont été murées et qu’un étage a été ajouté. Divers prélèvements et analyses sont en cours afin de préciser les datations. À l’issue de cette enquête archéologique, le chantier sera lancé, dont la première phase concernera la rénovation de la cage d’escalier de la mairie principale.