Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Vingt-cinq ans de prison pour le meutrier de La Valette

Les jurés varois n’ont pas cru à la thèse accidentel­le de l’accusé, ni celle des violences mortelles sans intention de tuer proposée par la défense. L’avocat général avait requis la perpétuité

- G. D.

La cour d’assises du Var a condamné hier Roger Haerter, un Toulonnais de 45 ans, à vingt-cinq ans de réclusion pour le meurtre de Hakim Ouadi, le 26 décembre 2016 à La Valette-du-Var.

Mobile crapuleux, pour la partie civile

Intervenan­t pour la première fois aux assises, aux intérêts des proches de Hakim Ouadi, Me Hychem Mejeri a livré avec aisance une plaidoirie bien articulée, qui lui a attiré les félicitati­ons du président. « La famille de la victime a espéré en vain qu’une vérité sans équivoque apparaisse à l’audience, a-t-il déploré. Mais M. Haerter a livré une version surréalist­e des faits. » Me Mejeri a donc développé sa conclusion tirée du dossier. « À mon avis, rendez-vous est pris le 26 décembre pour l’achat d’une voiture à 13 heures. Selon ses proches, Hakim Ouadi a 7000€ sur lui quand il monte dans la voiture de M. Haerter, persuadé que la vente aura lieu ce jour-là. Et quand il se rend compte que rien ne va se faire, il y a une dispute et il se fait tuer.

Le dépeçage de la victime, M. Haerter en a, à l’évidence, la paternité. Il n’est pas poursuivi pour cela, mais il confère à cette affaire une dimension presque monstrueus­e, que je vous demande de prendre en compte. »

Perpétuité requise

Pour sa part, l’avocat général Élisabeth Liard a jugé la thèse de la chute accidentel­le de la victime dans le bac à douche, présentée par Roger Haerter, « rocamboles­que, invraisemb­lable, une pure invention ». « Il s’est adapté au fur et à mesure des preuves matérielle­s rapportées par l’enquête. D’abord quand l’autopsie a évoqué un coup sur la tête. Mais l’analyse anthropo-lésionelle a conclu à au moins deux chocs et probableme­nt un troisième. Ce nombre de coups traduit l’intention de tuer. » L’avocat général a indiqué, à l’intention des jurés, que la peine encourue par l’accusé, du fait de son état de récidive criminelle, était la réclusion à perpétuité. Mme Liard a également souligné que les faits avaient été commis lors d’une permission de sortie. Raison supplément­aire pour laquelle elle a requis la perpétuité avec une période de sûreté de vingt ans.

La défense a plaidé les coups mortels

Abordant la barre la première en défense, Me Muriel Gestas a contesté l’intention homicide prêtée à Roger Haerter. « Il n’est pas impossible qu’un premier coup en ait causé un deuxième impact, et là on serait sur des coups mortels. » Sur l’intention de tuer également, Me Virginie Pin a déploré que l’ordonnance de mise en accusation de Roger Haerter « soit dans le plausible, le possible et l’éventuel ». « On vous demande la perpétuité en vous disant que les choses sont évidentes. Mais vous n’avez pas d’arme du crime, vous ne savez pas comment un homme est mort, ni pourquoi. Ce qui s’est passé après, c’est affreux bien sûr, mais c’est hors débat. La charge de la preuve repose sur l’accusation, qui arrive devant la cour sans mobile et sans preuve de donner la mort. » La cour a délibéré deux heures et demie avant de rendre un verdict de meurtre en récidive légale.

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(Croquis d’audience Rémi Kerfridin) Roger Haerter et Me Virginie Pin.

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