Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Sur l’Îlot Claret, une vie bien loin du paradis Toulon

La résidence qui compte une centaine de logements à deux pas du centre-ville se transforme peu à peu en un cloaque. Ses habitants dénoncent l’abandon du bailleur

- VIRGINIE RABISSE vrabisse@varmatin.com

Virginie fond en larmes. (1) À bout. « Je n’en peux plus de vivre comme ça… » Comme ça, c’est au milieu des détritus, des excréments, des tags, face aux incivilité­s, sans sécurité alors que les accès sont ouverts aux quatre vents, que des personnes étrangères à l’immeuble y squattent. Iris, désemparée, contemple sa voisine de ses yeux humides. Les deux femmes habitent à l’Îlot Claret au 42 de l’avenue du même nom. Quasiment en centre-ville, à quelques dizaines de mètres du quartier Chalucet, symbole du renouveau toulonnais.

« On ne reçoit plus personne »

À mesure que les résidents entrent et sortent du bâtiment – sans avoir besoin du moindre badge, du moindre code et sans sonner chez quiconque puisque la moitié des interphone­s sont hors service –, ils nous gratifient de leurs témoignage­s. Habiba raconte comment elle s’est retrouvée sans pression d’eau chez elle… pendant plus de six mois : « J’ai averti le bailleur, mais ça a pris des mois pour qu’il fasse quelque chose. »

Rabeb, enceinte, se plaint des souris qui infestent son balcon : « Mon mari en a attrapé au moins une vingtaine ! » Louisa renchérit : « Moi, j’ai eu des rats ! » Elle en profite pour souligner que « les gens ne descendent plus aux garages ». De peur d’y faire une mauvaise rencontre et parce que l’odeur dans les parties qui y mènent est intolérabl­e. « On ne reçoit plus personne tant on a honte de ce qu’est devenue la résidence », lance Virginie.

Époque révolue

Parce qu’il y a encore quelques années, l’Îlot Claret était, disent les résidents qui l’ont connu à l’époque, parfaiteme­nt fréquentab­le. C’est ce dont se rappelle Iris, arrivée en 2001, alors que le bâtiment n’était sorti de terre que quatre ans auparavant. « Tout était joli et propre : il y avait des haies bien vertes, des jardinière­s fleuries, les enfants jouaient dehors… » Surtout, il y a encore peu, la résidence bénéficiai­t des services d’un gardien à demeure. Pour Iris, c’est là que le bât blesse : « Il n’y a plus personne pour surveiller. » La dégradatio­n de la situation, les habitants de l’îlot Claret la font coïncider avec le changement de bailleur. Depuis le 1er janvier 2017, Logirem a pris la suite du Nouveau logis provençal, qui gérait cette résidence de quelque cent logements. 1. Certains prénoms ont été modifiés à la demande des intéressée­s.

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(Photos V. R.) À l’îlot Claret, les résidents ne supportent plus de vivre dans la saleté et dans un ensemble où aucune entrée n’est sécurisée.

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