Dr Saldmann : « Ce qui compte c’est notre immunité »
Jusqu’ici silencieux sur le sujet, le praticien traduit dans le monde entier clarifie à Saint-Tropez sa position sur la pandémie covid qu’il voit ressurgir par vagues. Mais ne renfile pas son masque pour autant
Une fois n’est pas coutume, le médiatique auteur du Meilleur médicament c’est vous !, a joué les mutiques durant la crise du coronavirus. Sollicité de toute part, le Dr Frédéric Saldmann, qui collectionne les traductions à travers le monde et ajoutait un volume à ses conseils santé tout en signant chez un nouvel éditeur (On n’est jamais mieux soigné que par soi-même, chez Plon) en début d’année, a scrupuleusement gardé motus et bouche cousue derrière son masque, le temps du confinement. Lors de son habituel séjour varois d’été, entre deux recommandations plus légères (à lire prochainement dans notre supplément Envies d’été), le cardiologue nutritionniste de l’hôpital européen Georges-Pompidou consent à tomber le masque sur la Covid 19. Une rencontre à découvert sur le vieux port tropézien qui va jusqu’à faire descendre de son yacht un occupant pour quémander un rendez-vous. « Certains viennent ici pour voir des people, moi, vous êtes ma rock star ! », va jusqu’à déclarer le postulant qui assortit sa demande d’une invitation à bord - déclinée -, mais repart avec un numéro de téléphone.
Les incertitudes ont été surmontées quant à votre périple méditerranéen de cet été?
J’ai de nombreux amis sur la Côte d’Azur, mais il est vrai qu’en ce moment les signaux sont particuliers. Une partie d’entre eux vivent encore confinés chez eux, morts de trouille. Le fait que je sois exposé à des malades me rend suspect, donc ils préfèrent ne pas me voir même si mes sérologies hebdomadaires sont négatives. Pour le reste je « bivouaque » chez les uns et les autres en évitant toute routine, avant de rentrer sur Paris.
Comment avez-vous vécu le débat autour de la pandémie ?
On me reprochait souvent d’être ringard avec mes règles d’hygiène – lavage de mains, passage de lingette sur la table de restaurant, etc. – et cette crise a révélé que j’étais pile où il fallait ! « Le microbe n’est rien, le terrain est tout » disait Pasteur. En fait ce qui compte c’est notre immunité. Le taux de malade de moins de ans est de , %, ce n’est rien. Mais lorsqu’on avance en âge, ça grimpe... On n’a pas de médicament pour augmenter l’immunité, mais tout le propos de mon dernier livre est justement de la renforcer pour se protéger de tout type de maladie et virus... Les gens qui font mn d’exercice quotidien secrètent une enzyme qui rend beaucoup plus efficace contre la Covid- ou toute autre maladie d’ailleurs.
Sans jouer les Cassandre, présagez-vous une évolution encourageante ?
Côté « météo », on a de fortes chances que ça reparte... Mon sentiment est que nous allons être confrontés pendant au moins un an et demi à des vagues à répétition. Pour déclarer que la pandémie est terminée, il faudrait que l’on ait zéro cas sur la planète. Nous en sommes loin ! Il suffit qu’une personne arrive d’une zone avec une grosse charge virale et c’est reparti. Même si le fait d’avoir des masques change la donne à présent et évitera un reconfinement.
Sauf que l’on n’en reste pas là...
À la rentrée on va avoir, comme toujours, un mélange de grippes saisonnières et gastro-entérites, mais le cauchemar c’est la nouvelle souche de virus de grippe porcine, baptisée G, proche du HN, très contagieuse pour l’homme et découverte il y a quinze jours en Chine... Si ça se diffuse aussi, on se retrouve avec deux pandémies !
Avec tout ça, comment déjouer les théories conspirationnistes, chacun ayant la sienne sur la question ?
Je ne crois pas à un virus « fabriqué ». Mon sentiment : les hommes c’est comme les poulets dans un élevage, quand il y en a trop, un virus sort et décime tout le monde. Mon souci pour les années à venir n’est pas la surpopulation mais la souspopulation. Si le virus du sida s’était transmis par voie aérienne et non sanguine, il resterait aujourd’hui % de la population mondiale... L’équivalent de ceux qui sont résistants au virus. Fabriquer des vaccins prend énormément de temps, de nouveaux virus surgissent sans cesse..., voilà pourquoi l’immunité est l’enjeu majeur pour passer au travers.
Les théories du professeur Raoult, fréquentables ou pas ?
(Il hésite) Je ne suis pas à l’aise pour parler d’un confrère... En médecine, il y a un principe c’est l’humilité. Au sujet de la Covid, il y a eu quantité d’essais et tant qu’on n’est pas sûr, on ne communique pas et on fait profil bas... Je n’ai pas trouvé de publication scientifique probante sur la chloroquine. J’en aurais rêvé... En tout cas, lui, est un très bon communiquant. Même si c’est un peu malgré lui... Lorsqu’il a commencé à en parler, le monde était paniqué. Il n’y avait aucune solution. Ni vaccin ni remède. C’était très anxiogène... Donc il est apparu comme le recours « miracle » auquel tout le monde a voulu se raccrocher. En plus il ressemble à Jésus !
Pourquoi vous, qui êtes censé être un exemple, ne portez pas de masque à Saint-Tropez ?
Ma position est très simple. Nous avons de super outils pour connaître le nombre de cas. Comme on regarde la météo le matin et on prend son parapluie, si demain, statistiquement il y a un risque, je le porte.
Qu’est ce qui vous rappelle vers Paris ces jours-ci ?
Je travaille actuellement avec le professeur Emmanuel Messas sur les nouveaux systèmes de détection des AVC qui est pour moi une obsession car les conséquences peuvent être dramatiques et ruiner des vies... Parmi les facteurs à risque, l’arythmie cardiaque à cause de laquelle peuvent se former des caillots de sang ou une artère en train de se refermer... Nous sommes dans la prévention avec des technologies extrêmement sophistiquées afin d’être le plus performant possible pour détecter le risque sur un sujet en « bonne santé ». Quoi qu’il en soit, en accord avec son médecin de famille, cela vaut le coup de faire un bilan cardio-vasculaire à ans.
Les hommes c’est comme les poulets...”
Le professeur Raoult, espoir malgré lui”