Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Itinéraire bis

- de DENIS CARREAUX Directeur des rédactions du groupe Nice-Matin edito@nicematin.fr

Lors de son allocution télévisée du  avril, Emmanuel Macron avait exhorté tous les Français à se réinventer. « Moi le premier », avait-il précisé d’un ton très solennel. Trois mois après, le président de la République ne donne pas l’impression d’avoir changé d’un iota. Presque aussi soucieux, hier, de défendre son bilan que de fixer le cap des  jours à venir, le chef de l’État s’est contenté de préciser le « nouveau chemin » tracé en grande partie le  juillet lors de son interview à la presse quotidienn­e régionale. Dans le rôle du Bison futé de l’Élysée, Emmanuel Macron s’apprête à s’engager sur un itinéraire bis plutôt que sur une voie nouvelle. « Mon projet, ce n’est pas de changer la destinatio­n finale, mais le chemin pour y arriver », a-t-il d’ailleurs posé très clairement dès les premières minutes de cette (trop) longue interview. De ses trois années de mandat, qui ont permis, à ses yeux, de « faire des réformes qu’on pensait impossible­s », il ne renie pas grand-chose. Tout juste reconnaît-il des « erreurs » et quelques « maladresse­s ». Interrogé par Léa Salamé sur la prétendue similitude de profils entre Édouard Philippe et Jean Castex - à l’accent du Sud-Ouest près, selon notre consoeur qui ne craint pas les raccourcis faciles... -, Emmanuel Macron a dû sortir les rames pour expliquer les différence­s entre ce gouverneme­nt et le précédent, entre ses orientatio­ns de début de mandat et sa politique d’après-crise. Lui qui aime tant convaincre a beaucoup joué en défense à l’occasion de cette première interview du -Juillet lente à démarrer et finalement assez pauvre en annonces, en dehors de l’obligation du port du masque à partir du er août (pourquoi si tard ?) et du détail des mesures, nécessaire­s, en faveur de l’emploi des jeunes. Pas sûr que cet entretien télévisé sans la moindre référence aux nouvelles formes de décentrali­sation et au rôle central des collectivi­tés locales que le Président souhaite pourtant renforcer, contribue à atténuer la crise de confiance entre Emmanuel Macron et les Français. Réaliste, le chef de l’État a au moins eu hier la clairvoyan­ce de reconnaîtr­e l’ampleur du malaise. Bien nommer les choses est toujours essentiel...

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