Les pharmaciens varois préparent leurs tests Covid
La détection du Covid-19 est autorisée en pharmacie depuis quelques jours. Des tests qui ne font ni l’unanimité, ni l’immunité. Reportage dans plusieurs officines du département
Entre les boîtes de masques à usage unique et les présentoirs de crème solaire, il ne reste plus beaucoup d’espace pour circuler dans les rayons d’une pharmacie du boulevard de Strasbourg, à Toulon. Il va pourtant bien falloir trouver de la place ces prochaines semaines. Depuis samedi, un arrêté autorise en effet les pharmacies à pratiquer certains tests sérologiques de détection du Covid19, jusqu’à présent réservés aux hôpitaux et aux laboratoires. Ces tests rapides d’orientation diagnostique (TROD) consistent à prélever une goutte de sang au bout du doigt. Le résultat apparaît en quelques minutes à peine. Dès lundi matin, les premiers clients commençaient à questionner les pharmaciens toulonnais à la recherche de tests, sans succès. Prises de court par la décision du ministère de la Santé, les officines attendaient encore de passer commande. « On a appris ça ce week-end, en regardant la télé, comme tout le monde ! On n’a pas du tout été prévenu avant. Les clients avaient l’information avant les professionnels de santé, c’est dire... », regrette Aurélie, une des pharmaciennes du centreville de Toulon. Aucune indication, selon elle, sur le prix auquel seront vendus ces tests.
Rassurer des clients inquiets
« On attend de savoir si l’on peut faire ça de manière propre et dans quelles conditions. Tout est flou ! Il faudra être formé aussi », souligne une pharmacienne installée quelques rues plus loin. Une petite salle dédiée aux consultations, à l’étage de sa pharmacie, servira à tester des patients demandeurs. « Mais je ne peux pas vous dire si l’on décidera de les commander ou non. » Dans une pharmacie voisine, les précommandes ont été prises « depuis des mois » et attendaient juste l’autorisation du gouvernement pour quitter les entrepôts. « Nous n’avons pas encore de quoi faire le test pour le moment, explique, avec pédagogie, le docteur Frédéric Janin, l’un des pharmaciens de l’officine. Avec le pont du 14-Juillet, je n’ai pas pu contacter mon fournisseur, il faudra encore patienter quelques jours. » François, un confrère, attendait le feu vert du gouvernement depuis des mois maintenant. « Ces tests sont disponibles depuis février, les gens nous en demandent depuis le début du confinement... et pourtant, l’autorisation n’arrive que maintenant », s’étonne ce pharmacien de Saint-Raphaël. Son officine a commandé un stock de tests à une PME alsacienne spécialisée dans les tests rapides, qui doit les envoyer cette semaine. Un impératif pour répondre aux attentes de ses clients, selon lui : « C’est important pour les gens de savoir s’ils ont été en contact avec le virus. Bien sûr, ce test ne leur garantit en rien l’immunité, mais ça rassure de savoir. » Si les pharmaciens se préparent à répondre à la demande, nombreux sont ceux qui restent sceptiques face à ces tests rapides. « Ce n’est qu’un effet d’annonce du gouvernement, estime le Dr. Janin. C’est avant toute chose une manière de satisfaire la pression de la population. L’intérêt médical de ces tests est assez pauvre. »
La fiabilité des tests rapides en question
Les tests TROD permettent en effet de savoir si l’on a été en contact avec le SARS-CoV-2 en détectant la présence d’anticorps. Pas si l’on est toujours porteur du virus, ni si l’on est immunisé. Jean-Christophe, à la tête d’une pharmacie toulonnaise, a décidé de refuser de tester ses clients. « Rien ne prouve, pour l’instant, qu’ils sont fiables, ces tests. Il faut au moins attendre que l’on ait des retours d’expérience. Nombreux sont mes confrères dont la priorité est de faire du chiffre. Ces tests ne disent rien et n’ont aucune utilité, sauf de faire du volume. Je me souviens qu’au début de l’épidémie, des confrères vendaient des masques antipoussière comme si c’était des masques de protection. Là c’est la même chose », tonne le pharmacien. Une fois testés en pharmacie, le chemin ne s’arrête pas pour les patients soucieux de connaître leur situation immunitaire. Un résultat positif doit nécessairement être confirmé par un nouvel examen, cette fois dans un laboratoire. C’est, aujourd’hui, la seule manière de savoir avec certitude si le patient peut encore contaminer d’autres personnes.