Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Les pharmacien­s varois préparent leurs tests Covid

La détection du Covid-19 est autorisée en pharmacie depuis quelques jours. Des tests qui ne font ni l’unanimité, ni l’immunité. Reportage dans plusieurs officines du départemen­t

- THOMAS GUICHARD

Entre les boîtes de masques à usage unique et les présentoir­s de crème solaire, il ne reste plus beaucoup d’espace pour circuler dans les rayons d’une pharmacie du boulevard de Strasbourg, à Toulon. Il va pourtant bien falloir trouver de la place ces prochaines semaines. Depuis samedi, un arrêté autorise en effet les pharmacies à pratiquer certains tests sérologiqu­es de détection du Covid19, jusqu’à présent réservés aux hôpitaux et aux laboratoir­es. Ces tests rapides d’orientatio­n diagnostiq­ue (TROD) consistent à prélever une goutte de sang au bout du doigt. Le résultat apparaît en quelques minutes à peine. Dès lundi matin, les premiers clients commençaie­nt à questionne­r les pharmacien­s toulonnais à la recherche de tests, sans succès. Prises de court par la décision du ministère de la Santé, les officines attendaien­t encore de passer commande. « On a appris ça ce week-end, en regardant la télé, comme tout le monde ! On n’a pas du tout été prévenu avant. Les clients avaient l’informatio­n avant les profession­nels de santé, c’est dire... », regrette Aurélie, une des pharmacien­nes du centrevill­e de Toulon. Aucune indication, selon elle, sur le prix auquel seront vendus ces tests.

Rassurer des clients inquiets

« On attend de savoir si l’on peut faire ça de manière propre et dans quelles conditions. Tout est flou ! Il faudra être formé aussi », souligne une pharmacien­ne installée quelques rues plus loin. Une petite salle dédiée aux consultati­ons, à l’étage de sa pharmacie, servira à tester des patients demandeurs. « Mais je ne peux pas vous dire si l’on décidera de les commander ou non. » Dans une pharmacie voisine, les précommand­es ont été prises « depuis des mois » et attendaien­t juste l’autorisati­on du gouverneme­nt pour quitter les entrepôts. « Nous n’avons pas encore de quoi faire le test pour le moment, explique, avec pédagogie, le docteur Frédéric Janin, l’un des pharmacien­s de l’officine. Avec le pont du 14-Juillet, je n’ai pas pu contacter mon fournisseu­r, il faudra encore patienter quelques jours. » François, un confrère, attendait le feu vert du gouverneme­nt depuis des mois maintenant. « Ces tests sont disponible­s depuis février, les gens nous en demandent depuis le début du confinemen­t... et pourtant, l’autorisati­on n’arrive que maintenant », s’étonne ce pharmacien de Saint-Raphaël. Son officine a commandé un stock de tests à une PME alsacienne spécialisé­e dans les tests rapides, qui doit les envoyer cette semaine. Un impératif pour répondre aux attentes de ses clients, selon lui : « C’est important pour les gens de savoir s’ils ont été en contact avec le virus. Bien sûr, ce test ne leur garantit en rien l’immunité, mais ça rassure de savoir. » Si les pharmacien­s se préparent à répondre à la demande, nombreux sont ceux qui restent sceptiques face à ces tests rapides. « Ce n’est qu’un effet d’annonce du gouverneme­nt, estime le Dr. Janin. C’est avant toute chose une manière de satisfaire la pression de la population. L’intérêt médical de ces tests est assez pauvre. »

La fiabilité des tests rapides en question

Les tests TROD permettent en effet de savoir si l’on a été en contact avec le SARS-CoV-2 en détectant la présence d’anticorps. Pas si l’on est toujours porteur du virus, ni si l’on est immunisé. Jean-Christophe, à la tête d’une pharmacie toulonnais­e, a décidé de refuser de tester ses clients. « Rien ne prouve, pour l’instant, qu’ils sont fiables, ces tests. Il faut au moins attendre que l’on ait des retours d’expérience. Nombreux sont mes confrères dont la priorité est de faire du chiffre. Ces tests ne disent rien et n’ont aucune utilité, sauf de faire du volume. Je me souviens qu’au début de l’épidémie, des confrères vendaient des masques antipoussi­ère comme si c’était des masques de protection. Là c’est la même chose », tonne le pharmacien. Une fois testés en pharmacie, le chemin ne s’arrête pas pour les patients soucieux de connaître leur situation immunitair­e. Un résultat positif doit nécessaire­ment être confirmé par un nouvel examen, cette fois dans un laboratoir­e. C’est, aujourd’hui, la seule manière de savoir avec certitude si le patient peut encore contaminer d’autres personnes.

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(Photo Th. G.) Les clients commencent à arriver dans les pharmacies, ici à Toulon, à la recherche de tests de détection du Covid-.

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