Var-Matin (La Seyne / Sanary)

‘‘ Nous ne sommes pas des défenseurs virulents”

- PROPOS RECUEILLIS PAR ESTELLE HOTTOIS saint-raphaël@nicematin.fr

Dans un premier temps, il s’agirait de les différenci­er des préjudicia­bles. Une masse très importante d’entre eux assure la reproducti­on de tout ce qui est végétal, mais aussi de tout ce que nous mangeons. Les abeilles, par exemple, pollinisen­t les futures graines, perfection­nent leur croissance. Le transfert de gènes d’une plante à une autre, c’est la seule façon d’assurer un résultat efficace. Sans elles, il ne nous resterait que des hybrides sans saveur. Ce discours vaut pour les fourmis, les scarabées, et même les guêpes.

Pourquoi, selon vous, dérangent-ils les foyers ?

Je pense qu’il y a une grosse méconnaiss­ance, doublée d’un manque d’intérêt. Ils les voient porteurs de saletés. La vue d’un insecte peut aussi être effrayante. J’ai assisté à des peurs paniques aux passages de guêpes. Il faut préciser qu’elle est carnassièr­e. C’est sûr, elle viendra vous importuner à table. L’abeille, elle, ne viendra pas vous déranger.

Peut-être est-ce aussi une réaction au phénomène de piqûres…

L’abeille n’est pas du tout agressive. La guêpe, difficilem­ent. Il faudrait qu’elles se soient coincées dans un endroit qui réveille leur réflexe de piquer. Attention, nous ne sommes pas des défenseurs virulents de ces insectes piqueurs ! On sait que les gens peuvent se retrouver avec des oedèmes, voire transporté­s en réanimatio­n en cas d’allergies. Si le risque est avéré, il est certain qu’il faut détruire l’insecte en question. Il ne faut simplement par en faire une psychose, un combat permanent. Dans le cas des appels, j’y vois davantage une priorité de tranquilli­té entre les gardiens d’immeubles et les insectes. Ils ne vont pas se dire ‘‘tiens, je vais supporter tel insecte parce qu’il fait du bien’’, même s’ils ne le savent pas.

Coincée dans une pièce, une abeille ne parvient pas à sortir. Que faire pour l’aider sans la tuer ?

On peut la prendre dans un chiffon, une petite serviette à coller sur la vitre. Resserrer doucement les doigts autour de l’abdomen, et la diriger vers la sortie. Elle partira toute seule. De toute façon, une abeille esseulée n’a plus aucune espérance de vie. Après quelques jours, elle meurt.

Et pour limiter, voire éliminer, les bombes à insecticid­es ?

Il n’y a pas de secret. J’ai toujours vociféré contre la taille accordée aux rayons de spray dans les grandes distributi­ons. Ils dépassent facilement les quarante mètres. A contrario, prenez un rayon de miel : il ne dépasse pas les six-huit mètres. C’est un réflexe d’achat. J’en ai chez moi aussi, qui ne servent qu’en cas d’interventi­ons. Sachez que les hirondelle­s sont des insecticid­es naturels… Qu’on déloge des tuiles romaines, ici, à Fréjus. C’est dommage, les communes multiplien­t, sans le savoir, la présence des moustiques.

Quelles prévention­s prendre pour les enfants ?

Inciter l’enfant à reculer, toucher avec les yeux, comme si c’était un petit jouet. Approcher sa main pour les embêter et faire de grands gestes, ça n’ira pas. En parallèle, la couleur noir et les parfums entêtants sont les meilleurs moyens de se faire attraper si vous passez près d’une ruche. Dans tous les cas, le mieux reste de les instruire.

Que conseiller­iez-vous pour se renseigner efficaceme­nt ?

Le meilleur conseil que je puisse donner, c’est de faire des démarches volontaire­s ou personnell­es à ce sujet-là. Un bon petit bouquin dans la poche, de bonnes chaussures et marches et un circuit dans l’Estérel suffisent. Voilà, il faut juste s’arrêter et regarder. La biodiversi­té est un capital inestimabl­e, dont on ne connaît pas les limites. Elle porte des gènes qui peuvent nous être utiles à tout moment dans l’avenir. On a encore énormément à apprendre.

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