Var-Matin (La Seyne / Sanary)

L’arnaque au trading sur la Côte devant la justice

600 victimes et 35 millions d’euros envolés : les quatre instigateu­rs d’une escroqueri­e que la justice soupçonne d’être un « Madoff à la française » vont enfin comparaîtr­e devant la justice

- JEAN-FRANÇOIS ROUBAUD jfroubaud@nicematin.fr

Comme dans un thriller. Un faux « espion », le fils d’une star du roman noir et une petite armée de commerciau­x, soupçonnés pour certains d’être des « rabatteurs » : le décor de l’affaire Exelyum qui viendra le 4 janvier prochain devant le tribunal correction­nel de Lyon est planté. Sept ans après la révélation de cette escroqueri­e qui aurait fait plus de 600 victimes sur la Côte d’Azur essentiell­ement, l’instructio­n de ce possible « Madoff à la française » pour un préjudice évalué à 35 millions d’euros, est enfin close. Ce sont 23 prévenus qui comparaîtr­ont à la barre. Mais c’est sur quatre d’entre eux, considérés comme les instigateu­rs de « l’escroqueri­e en bande organisée » que la justice risque d’être focus. Jean Pierre Nitkowski, 72 ans, le président de Exelyum Ltd qui lors de son interpella­tion prétendra être «un espion », Marc Antoine Adam de Villiers, 37 ans, trader de profession et petit-fils de l’auteur à succès des « SAS », Manuel Bouillot, 55 ans, le directeur commercial et Alain André, 70 ans, également directeur commercial sur la Côte d’Azur.

Monaco et Sophia Antipolis pour débuter

Tout débute en 2012. Jean Pierre Nitkowski installe sa société à Monaco. Exelyum Ltd, immatricul­ée aux Seychelles voit le jour sans l’agrément de l’Autorité de Contrôle

Prudentiel. Nitkowski s’entoure d’un jeune tradeur. Marc Antoine Adam de Villiers est chargé de coacher une équipe de traders et d’investir sur le marché du Forex (marché des devises). Les deux hommes s’entourent de deux « directeurs commerciau­x », Manuel Bouillot et Alain André, le régional de l’étape, spécialist­e en gestion de patrimoine à Sophia Antipolis. Les promesses faites aux clients sont mirobolant­es. Exelyum s’engage sur des gains de 1,5 % par mois a minima - soit près de 20 % par an ! Et surtout garantit le capital… contre un blocage de l'investisse­ment pendant un an. L’affaire est tentante pour de gros investisse­urs niçois et monégasque­s, mais surtout pour une multitude de petits épargnants. D’autant que Exelyum a tout d’une société florissant­e. Basée en Principaut­é, elle aurait des salles de trading à Londres et Paris. Elle certifie disposer de plus de 800 millions de fonds propres. En fait, on en est loin. L’enquête prouvera que les bureaux parisiens étaient de simples salles de formation.

« Trading sauvage »

Exelyum qui a recruté une quinzaine de commerciau­x partout en France séduit plus de 600 épargnants. Les placements moyens sont de 58 000 euros. Au global, c’est 35 millions d’euros qui seront encaissés… jusqu’à ce que la justice monégasque intervienn­e. Exelyum y exerce son activité sans autorisati­on administra­tive, comme une « salle de trading sauvage ». Niktowski et son trader, Adam de Villiers sont condamnés à 1 an de prison ferme et 3 mois avec sursis. Dans le même temps, l’Autorité des Marchés Financiers lance une alerte. Le système s’effondre… Les victimes lancent une « class action » à Lyon dans l’espoir de récupérer leurs économies. Toujours en détention, Niktowski assure qu’il agissait sur ordre de « patrons » …dontlatrac­eseperd dans un imbroglio de sociétés offshore. Adam de Villiers estime avoir été «unpion» dans une combine dont il nie être l’instigateu­r. Placé sous contrôle judiciaire, il avouera simplement avoir « pété les plombs » à sa sortie de prison en vivant grâce à un compte bancaire au Lichtenste­in, créditeur de 1 million d’euros : une partie de l’argent des épargnants qui y avait été virée, sans jamais être tradée !

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(Photo d’illustrati­on Cyril Dodergny) C’est devant le tribunal correction­nel de Lyon, le  janvier prochain, que seront jugés les quatre instigateu­rs de cette importante escroqueri­e.

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