Mode : Molly Bracken défie Chanel… et l’emporte
La marque varoise implantée à Six-Fours a récemment remporté une importante victoire judiciaire contre le géant du luxe, qui espérait la priver de son label Gabrielle dédié aux grandes tailles
Le pot de terre contre le pot de fer. David contre Goliath. Les expressions ne manquent pas pour décrire ce genre de bataille remportée par celui qu’on n’attendait pas. Ici, il s’agit de la victoire du groupe de mode français basé à SixFours, Molly Bracken, contre le géant du luxe Chanel. « Nous sommes soulagés et très heureux », se réjouit Julian Sidonio, patron, avec Catherine, son épouse, de la marque varoise. Le litige porte sur l’utilisation du label Gabrielle. La marque grande taille du groupe Molly Bracken ; un parfum et une ligne de sac à main chez Chanel.
Coco ou Renoir ?
Lorsque la marque de luxe lance Chanel’s Gabrielle en 2017, ses responsables de la propriété intellectuelle s’aperçoivent qu’en octobre de l’année précédente, la marque varoise a déposé « Gabrielle » sur les principaux marchés du monde. « Nous n’avions pas du tout pensé à Gabrielle Chanel : Chanel, c’est Coco ! », explique le P.-d. g. de Molly Bracken. Pour lui, Gabrielle est avant tout la muse, puis l’amante, bien en chair, du peintre Auguste Renoir (lire aussi par ailleurs) :« C’était une idée de Catherine, qui est très férue d’art », justifie Julian Sidonio, droit dans ses bottes. Sauf que la bonne foi ne suffit pas et que Chanel est bien décidé à récupérer le label. « Ils nous ont proposé de leur transférer la marque et de nous rembourser les frais », s’étonne encore le dirigeant, surtout ébahi par le comportement des représentants du géant, qu’il juge « hautains ». Mal joué, car cette attitude pousse Julian Sidonio à tenir bon et à se défendre : « Ça m’a piqué ! » Et lorsque
Chanel décide de l’attaquer en justice une première fois en 2017, il est sûr de son fait : « C’est comme pour ma voiture : elle est à moi, personne ne peut me la prendre comme ça », résume-t-il simplement.
« Noir sur blanc, nous avions raison »
C’est avec cette idée qu’il fait face au premier procès en 2017 au Royaume-Uni. « Sur le fond, j’étais confiant, parce que, noir sur blanc, nous avions raison, raconte le P.-d. g., mais avec les juges, on ne sait jamais, surtout quand il y a Chanel en face… » Cependant, la justice anglaise penche du côté de Molly Bracken et Chanel est débouté une première fois. S’en suivront plusieurs manches judiciaires, en Suisse, puis de nouveau à Londres, où la maison de luxe fait appel de la première décision. Le 24 avril dernier, après une nouvelle procédure marquée par des audiences en visioconférence en raison du confinement, le tribunal d’appel de l’Office britannique de la propriété intellectuelle confirme la première décision. Et met un point final au litige. Gabrielle appartient bel et bien au groupe Molly Bracken.
À pleine vitesse
« Je n’ai pas voulu trop communiquer là-dessus jusqu’à maintenant à cause de la crise sanitaire », confie Julian Sidonio, qui a finalement décidé de faire connaître sa victoire plus largement que dans des médias spécialisés depuis seulement une semaine. L’occasion pour lui de dire que Gabrielle va maintenant pouvoir