Le masque et la prime
« Il s’agit juste de mettre tous les élèves de la République à égalité de traitement »
À cinq jours de la rentrée, on y voit un peu plus clair à propos du port du masque à l’école : obligatoire pour les adultes et pour les élèves dès la Sixième. Solution savamment bricolée à une équation digne des vieux problèmes de robinet : « Sachant que la Covid- progresse à la vitesse d’un cheval au galop, à quelle heure l’Éducation nationale arrivera en gare au même moment dans toutes les villes de France, avant que la colère et l’incompréhension ne débordent de la baignoire syndicale »... Ce qui n’est pas clos, et qui ne le sera pas de sitôt, c’est le débat sur la gratuité des masques. Le gouvernement l’a répété hier avec force et avec fougue : aucun pays au monde ne s’est engagé sur cette voie. Aux familles de payer ! Une réponse « de bon sens », selon Jean Castex. Et d’invoquer un certain nombre de béquilles comme les stocks de masques gratuits distribués aux plus précaires ou, voilà plusieurs jours, l’augmentation de la prime de rentrée pour amortir cette dépense inopinée (cette réplique a disparu hier de l’argumentaire officiel, après avoir beaucoup fait bisquer les associations de parents). La crainte des partisans de la gratuité est que les inégalités s’accroissent, entre les familles pouvant supporter chaque mois à euros de frais supplémentaires et celles qui devront jongler entre masques, cotisations, abonnements et licences. Soit ce rectangle de papier (ou de tissu) est un outil efficace pour se protéger de l’épidémie (et donc réduire la facture pour la sécurité sociale), soit c’est un ornement à la mode, façon bandana. S’il est attesté, et c’est le cas, que nous ne pouvons pas nous en passer, la logique voudrait que le pays les offre à nos enfants. Certes, Jean-Michel Blanquer a promis hier « qu’aucun élève ne se trouvera exclu ou en situation de ne pas pouvoir entrer parce qu’il n’aurait pas de masque ». C’est bien le moins mais ce n’est pas le fond du débat. Il s’agit juste de mettre tous les élèves de la République à égalité de traitement, et dans les mêmes starting-blocks avant la reprise des cours. Car là où la parole ministérielle doit faire consensus, c’est qu’aucun enfant, qu’aucun adolescent ne doit rater son retour en classe. La fin de la dernière année scolaire a été tellement chaotique ! L’urgence, est de mettre tous ces gosses dans les meilleures dispositions pour rattraper le retard, qu’ils retrouvent, au plus vite, l’appétit glouton des connaissances, qu’ils se fixent des objectifs autrement plus ambitieux, qu’un bac, en version pochette surprise.