Au lycée Bonaparte, les profs masqués n’avancent pas masqués
À 24 heures d’accueillir entre 1750 et 1800 élèves, les 143 profs de l’établissement toulonnais ont pris, hier, connaissance d’un dossier d’une rentrée « particulière » sur le front Covid-19
Salut les revenants ! », lançait, hier, à 8 heures, cet enseignant, le sourire dissimulé sous son masque en montant d'un pas pressé les marches de l’entrée du lycée Bonaparte à Toulon. À 24 heures d’accueillir entre 1750 et 1800 élèves et étudiants, les 143 professeurs, à l’instar de leurs collègues varois, avaient hâte de se retrouver. Certes, cette année, le gel hydroalcoolique disposé aux bornes de l’entrée principale du lycée puis dans les salles a remplacé la poignée de main amicale ou l’accolade entre collègues. En cette prérentrée, la pause-café en salle de réunion a été, aussi, sacrifiée sur l’autel de Covid-19.
« Réunir par petit groupe »
Pour autant, les enseignants ont pris plaisir à se réunir par petit groupe. S’ils appréhendent de faire cours toute la journée avec un masque, ils sont prêts à s’y plier, parfaitement conscients de la complexité de cette rentrée si« particulière » comme l’a défini, hier, Marc Duran, proviseur du lycée avec notamment à ses côtés son équipe dont sa nouvelle adjointe,
Isabelle Pearlstein. Sans présager de ce que sera l’avenir dans ce contexte sanitaire, et d’un hypothétique retour à des cours à distance, les enseignants ont pris connaissance de leur feuille de route et de leur dossier de rentrée. Lequel n’a évidemment pas fait l’impasse sur le dernier protocole sanitaire certes allégé en date de juillet, et toujours d’actualité. S’il sera respecté, son application à la lettre trouve, aussi, ses limites selon la configuration des bâtiments scolaires. Le lycée Bonaparte, dont les travaux de réhabilitation sont toujours au point mort, a appliqué bien sûr un sens de circulation. « Nous avons essayé dans les derniers jours d’août de regarder les emplois du temps sur les salles fixes pour les classes. Si c’est vrai pour les BTS, cela l’est moins pour les prébac. L’organisation même du lycée avec les spécialités, les groupes, les cours de physique, de Sciences et vie de la Terre, d’informatique, les enseignements optionnels, font que finalement les élèves vont bouger », reconnaît Marc Duran. Le proviseur entendait, aussi, rassurer dans les prochains jours les parents d’élèves sur l’accueil au lycée « dans la plus grande sécurité sanitaire .»
« L’école n’est pas une option »
« Deux enjeux vont être importants, a rappelé le proviseur pour sa quatrième rentrée au sein de l’établissement. Garantir la protection des personnels, des élèves et des étudiants dans un contexte sanitaire et garantir l’éducation pour tous. Il va bien falloir faire comprendre à nos jeunes dont certains ont été éloignés, depuis maintenant six mois, que l’école n’est pas une option. Ce n’est pas une variable d’ajustement de la crise sanitaire, a insisté Marc Duran. Il s’agit d’apporter un soutien aux plus fragiles, notre contribution à la réduction de la fracture scolaire. »
« Ne pas laisser seul le prof principal »
Message partagé par les enseignants qui ont été appelés à soutenir leurs collègues principaux aujourd’hui et demain matin pour accueillir les élèves. « Je souhaite que cet accueil ne soit pas de la seule responsabilité du professeur principal, demain (aujourd’hui, pour les seconde, première et BTS, Ndlr), et mercredi matin pour les terminales », a insisté le proviseur. « Après les formalités administratives, les élèves accueillis durant quatre heures seront appelés à s’entretenir sur la façon dont ils ont vécu le confinement, comment ils ont pu travailler avec le numérique. »
Évaluer les acquis
La vigilance est aussi de rigueur sur l’orientation au sein d’un établissement qui, à l’instar d’autres lycées en France, a obtenu un taux record de réussite au bac de 97, 73 %. Certains élèves en classe de seconde mais, aussi, en première et terminale n’ont pas le niveau, le taux de redoublement a été revu fortement à la baisse en fin de première. « La nécessité d’évaluer les besoins des élèves en ce mois de septembre et faire le point sur leurs acquis », demeure une priorité : les tests de positionnement se dérouleront à partir du 14 septembre pour les élèves de seconde.