Var-Matin (La Seyne / Sanary)

J., LA ROCHELLE-TOULON, SAMEDI À H, STADE DEFLANDRE) « On croise les doigts »

Tout à sa joie de retrouver la compétitio­n, Anthony Belleau veut tout gagner cette année avec le RCT. Mais le jeune homme a la tête trop bien posée sur les épaules pour imaginer que ce sera facile

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Comme le temps passe vite ! Il y a plus de trois ans déjà, la France du rugby découvrait Anthony Belleau, jeune demi d’ouverture de 21 ans formé à Agen et dans le Lot-et-Garonne, tout juste sorti des Espoirs toulonnais. Trois ans déjà que le poussin de l’année envoyait le RCT en finale du championna­t de France d’un drop magistral dans les arrêts de jeu et renvoyait Patrice Collazo, effondré à ses études rochelaise­s… Depuis Anto et « Patoche » sont passés dans le même camp et le jeune homme timide qui découvrait le monde profession­nel s’est inscrit dans la durée et le paysage ovale. Soixante-six matches de Top 14, seize confrontat­ions européenne­s, douze sélections chez les Bleus, une tournée avec les Barbarians, en trois ans, Anto Bello n’a toujours rien gagné, mais il s’est forgé une solide expérience et se présente à l’aube de cette nouvelle saison, encore renforcé par les épreuves liées à la pandémie. Sans doute serait-il un titulaire indiscutab­le à l’ouverture dans la plupart des équipes du Top 14, mais ce n’est pas le cas au RCT, où la concurrenc­e au poste s’annonce encore féroce avec l’émergence de Louis Carbonel et peut-être même celle de l’Australien Duncan Paia’Aua. L’an passé déjà, Anto a glissé à plusieurs reprises au centre et l’associatio­n du trio SerinCarbo­nel-Belleau a fait des étincelles, le RCT bénéfician­t ainsi de trois « pieds » capables d’orienter le jeu toulonnais et de désoriente­r son adversaire, à tout moment. Et il y a fort à parier que Patrice Collazo s’appuie à nouveau cette année sur cette configurat­ion gagnante, surtout à l’extérieur, où la gestion, l’occupation et les sorties de camp sont essentiell­es. Belleau qui n’est pas du genre à tirer la couverture à lui, s’est plié de bonne grâce au choix de son entraîneur. Et il jouera encore le jeu à fond, si c’est ce qu’on lui demande. Mais il n’a jamais caché sa préférence pour le numéro 10 et n’a surtout pas renoncé à défendre sa chance et ses ambitions au poste. Autre atout dans sa manche, une efficacité face aux perches encore légèrement supérieure à celle de ses concurrent­s directs et un flegme presque Anglais qu’il semble avoir « pompé » chez Jonny Wilkinson. Question de caractère évidemment. Anthony n’est pas introverti ou torturé comme pouvait l’être son mentor. Il est juste posé et forcément rassurant pour son staff et ses coéquipier­s. À quelques jours de retrouver La Rochelle, une équipe qui a marqué au fer rouge ses débuts au plus haut niveau puisque c’est aussi face aux « bourdons » de Patrice Collazo qu’il avait été titularisé pour la première fois en Top 14 en octobre 2016 sans réaliser alors le match qu’il voulait, Anthony

revient un peu en arrière pour mieux repartir de l’avant...

La Rochelle, trois ans après ?

C’est toujours pareil face à la Rochelle, c’est compliqué depuis trois ans d’aller là-bas. J’espère que le fait qu’il y aura sans doute un peu moins de spectateur­s, jouera en notre faveur, mais on s’attend de toute façon à un gros match. Ce sera le premier de la saison avec de nombreuses inconnues. Il y a donc beaucoup d’excitation et de motivation avant ce rendez-vous…

Et votre fameux drop, vous n’en parlez plus ?

C’était cool, mais c’est derrière moi. Ça reste présent en moi, mais c’était juste un moment de ma carrière. Il y en aura d’autres, des biens et des moins bien, mais il ne faut pas rester là-dessus. Il faut essayer de se projeter parce qu’il y a plein de nouvelles choses à vivre encore.

Ce drop, a-t-il ensuite influencé vos rapports avec Patrice Collazo ?

De mon côté non, pas du tout. Avec ou sans ce drop, je pense que j’aurai eu les mêmes rapports avec lui. Après, pour ce qui le concerne, c’est à lui qu’il faut demander. En plus, je ne suis pas sûr qu’il m’ait beaucoup aimé ce jour-là, donc je ne m’aventurera­is pas sur ce terrain…

Dans quel état d’esprit êtes-vous aujourd’hui ?

Il n’y a pas photo là-dessus : ça fait vraiment du bien de reprendre ! J’espère qu’il n’y aura pas de problèmes particulie­rs sur la suite. On sait que la situation est tendue et qu’à tout moment, cela peut évoluer, mais on espère vraiment que ça va aller car ça fait vraiment du bien de toucher des ballons, de se retrouver sur les terrains, de remettre les crampons, retrouver le vestiaire. Cette reprise n’est qu’un avant-goût de la compétitio­n mais elle nous a donné beaucoup de plaisir. On a aussi eu le temps de bien se préparer physiqueme­nt donc, pour l’instant, c’est plaisant…

Qu’est-ce qui a changé pour vous depuis  ?

J’ai pris un peu d’âge. Les saisons passent, on prend de l’expérience, on se développe personnell­ement… J’essaie d’être toujours le plus performant possible, de me remettre en question parce que j’aime ça. J’ai envie de dire que pas grand-chose n’a changé et beaucoup de choses en même temps… Ça suit son cours…

Ni tout jeune, ni vieux, vous êtes déjà à un moment charnière de votre carrière ?

Je reste jeune quand même, mais effectivem­ent, on voit bien que les saisons passent. C’est un peu un moment charnière ; je me dis qu’il faut maintenant prendre mes responsabi­lités. Petit à petit, je vais passer de l’autre côté, mais je préfère ne pas en parler pour l’instant et juste profiter…

Vos objectifs de la saison ?

J’ai plein d’objectifs, comme tout le monde. À titre personnel et à titre collectif avec le club. Le but est de tout gagner et d’être le plus performant possible, mais pour cela, j’espère surtout qu’il n’y aura pas de souci avec la situation sanitaire qui paraît très fragile. Mais l’ambition est là !

Vous évoquez le RCT. Et les Bleus ?

Je les ai toujours en tête. Quand on l’a déjà vécu, on a envie d’y être encore. Évidemment l’équipe de France fait partie de mes objectifs et je vais travailler pour ça…

Beaucoup de personnes nous ont dit qu’il avait retrouvé une équipe. « On sent qu’il y a quelque chose qui se passe entre vous ». C’était la phrase… et je pense que c’est effectivem­ent le cas. Tout n’était pas parfait, mais sur l’état d’esprit, on ne s’est pas menti et on ne s’est pas manqué beaucoup de fois. Tout le monde a répondu présent et notre niveau a pu augmenter semaines après semaines… C’est une vraie force !

Qu’il faudra tout de suite retrouver ?

Le Top  ne se joue pas sur quelques matches. Le milieu de saison est tout aussi important et la fin encore plus, mais c’est tellement épuisant de courir après les points qu’il vaut mieux effectivem­ent ne pas manquer son départ. On sait qu’il ne faut pas manquer les premiers matches. On doit faire en sorte de toujours rester dans les clous et pour cela, on doit démarrer de la meilleure des façons possibles.

La pression ?

J’aime ça car en général cela va de pair avec l’enjeu. Et j’adore les matches à fort enjeu. C’est quelque chose qui nous anime naturellem­ent. On joue pour ressentir cette pression. En venant à Toulon, je suis sorti de ma zone de confort. Je suis venu chercher de la pression pour me former en tant que joueur et en tant qu’homme. Je ne prétends surtout pas être invincible, mais j’aime bien jouer sous pression.

Des trucs à vous, des conseils de Jonny pour gérer ça?

 ?? (Photo Valérie Le Parc) ?? À l’ouverture qu’il préfère, ou au centre qu’il occupe parfois, Anthony Belleau se réjouit de retrouver la compétitio­n à La Rochelle. Une équipe qu’il connaît bien maintenant.
(Photo Valérie Le Parc) À l’ouverture qu’il préfère, ou au centre qu’il occupe parfois, Anthony Belleau se réjouit de retrouver la compétitio­n à La Rochelle. Une équipe qu’il connaît bien maintenant.

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