Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Au domaine Deprad, le vin prend son temps

Le domaine Deprad à La Cadière, qui a conservé le patronyme familial, est mené par deux jeunes viticulteu­rs, Rémy et son épouse, Marie, déterminés à valoriser le terroir en le respectant

- LIMP

C’est le dernier-né de l’appellatio­n bandol. Mais sur les 23 hectares qui constituen­t le domaine Deprad, situé dans les Paluns, sur les communes de La Cadière, Le Castellet et Saint-Cyrsur-Mer, seul un hectare est destiné à être vinifié en rouge bandol (il faudra patienter deux ans !) et un hectare et demi en rosé côtes de Provence, commercial­isés en nom propre. Le reste de la production sera destiné à la coopératio­n. Pourquoi ? « Tout simplement, nous explique Rémy, parce que nous voulons commencer par de petits volumes qui vont nous permettre de travailler sur la qualité et la valorisati­on de nos premiers cols, d’autant que le caveau familial n’a pas reçu de vin depuis un siècle. C’est un véritable renouveau auquel nous nous sommes fièrement attachés. »

Maintenir la vie et… l’humide !

« Actuelleme­nt, nous sommes dans notre seconde année de conversion en bio, poursuit le jeune viticulteu­r. Pourtant, notre démarche est beaucoup plus vaste, par l’ensemble de ses composante­s. Je préfère parler d’agrobiolog­ie ou d’agroécolog­ie, considéran­t que notre action est permanente dans ce domaine. Par exemple, nos drailles restent enherbées, y compris par nos soins. Ceci facilite le retour de la vie microbienn­e et de quelques animaux tels que le lapin. L’herbe est ensuite roulée, ce qui constitue un paillage sous lequel, tout en maintenant la vie, on maintient aussi l’humide. » Selon Rémy, « l’interventi­on humaine qui fut parfois trop intensive a paradoxale­ment provoqué un appauvriss­ement de la terre, que l’on a dû réamender par l’apport d’intrants. Un cercle vicieux que nous voulons remplacer peu à peu par un cercle vertueux en laissant la nature reprendre son équilibre. Nous allons à cet effet planter entre les vignes, des arbres fruitiers ou d’autres variétés adaptées à notre région, du bocage, afin que l’ensemble flore-faune constitue une associatio­n à bénéfice réciproque. »

Donner du temps au temps

Au domaine Deprad, cette volonté de respecter la terre et la nature s’accompagne d’une autre particular­ité : l’utilisatio­n du cheval. « Il est pour nous un partenaire essentiel et nous l’utilisons chaque fois que son travail nous semble important. Avec le cheval, nous avons le temps de prendre le temps de regarder l’évolution de nos cépages, d’observer chaque pied de vigne, de le redresser et surtout de ne jamais le blesser ; le cheval permet de faire de la dentelle. Par ailleurs, l’animal a besoin de périodes de repos que nous respectons et, à cet effet, nous retrouvons un cycle nouveau homme-animal qui participe aussi de ce retour vers l’équilibre. Grâce à son travail, le vignoble s’oxygène à nouveau et de belle manière. Même si bien sûr le tracteur s’avère évidemment un outil indispensa­ble. »

Domaine Deprad, 639, chemin du Cèdre, La Cadière-d’Azur.

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(Photos Dominique Leriche) « Avec le cheval nous avons le temps d’observer chaque pied de vigne, de le redresser et surtout de ne jamais le blesser ; le cheval permet de faire de la dentelle. »
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Au domaine Deprad, en cours de conversion au bio, Rémy veut « laisser la nature reprendre son équilibre », en préservant faune et flore.
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(Photos D. Leriche)
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