« Tenue républicaine » à l’école : les enjeux
Les propos de Jean-Michel Blanquer sur la manière dont il faut se vêtir pour aller à l’école ne font pas l’unanimité. Parole est donnée aux intéressés afin de mieux comprendre les enjeux de cette fameuse « tenue républicaine »
Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, l’a dit : « Vous n’allez pas à l’école comme vous allez à la plage ou en boîte de nuit. » Et, parce qu’un établissement scolaire n’est pas un lieu comme les autres, « chacun peut comprendre » que l’on y vient « habillé d’une façon républicaine ». Pavé dans la mare. Réitéré jeudi soir sur France 2 dans l’émission Vous avez la parole consacrée au Premier ministre Jean Castex. De quoi s’arracher l’élastique du tanga, la liberté de s’habiller comme on veut n’étant pas contestée, tant que l’on n’arbore pas des signes religieux ostentatoires dans le sanctuaire que doit être l’école.
Ce qui est permis
Tout. Sauf instruction contraire contenue par le règlement intérieur. Ainsi les tongs ou le string peuventils être bannis. Des établissements réprouvent aussi le jean troué, tel qu’en proposent pourtant la plupart des marques de prêt-à-porter pour les jeunes.
L’idée de Blanquer
Le ministre aurait été mieux inspiré de parler de bon sens, encore que cette notion soit elle-même sujette à caution. Qu’est-ce que l’indécence ? Montrer trop, oui mais quoi, ou jusqu’où ? Chacun et chacune aura sa propre acception, difficile de s’accorder sur une définition dans un registre où les jugements sont rapides et à géométrie variable.
L’éducation des garçons
Des voix s’élèvent pour mettre en cause l’éducation des garçons. Qu’a-t-on raté qui puisse en inciter à déconsidérer des jeunes filles osant laisser apparaître une partie de l’abdomen. En cause, le « crop top » et son nombril apparent.
« Provocation »
Des associations féministes ont soutenu le mouvement du 14 septembre où, par « provocation », les lycéennes étaient invitées à exprimer leur liberté dans leur façon de s’habiller. En arborant des vêtements jugés « indécents » pour contrer les discriminations sexistes.
Loin de faire l’unanimité
À l’arrivée, beaucoup de bruit pour un nombril. Et une levée de boucliers. Élisabeth Moreno, ministre chargée de l’Égalité femmeshommes, a rappelé au Parisien qu’en France, « chacun est libre de s’habiller comme il le veut », ajoutant que « cette liberté conquise de haute lutte n’a pas de prix ». Deux autres membres du gouvernement ont exprimé des positions très ancrées. Marlène Schiappa, déléguée à la Citoyenneté, a salué l’initiative des lycéennes du 14 septembre. Agnès Pannier-Runacher,
déléguée à l’Industrie, estime qu’il faut, pour aller à l’école, «une tenue qui montre que ce n’est pas comme quand on va chez les copains ou pas comme quand on va en soirée ». En ajoutant cependant : « Le vrai truc qui me gêne, c’est le fait que la consigne porte plus sur les filles que sur les garçons. »