L’éducation des garçons comme préoccupation à Draguignan
Il est midi. Les grilles du collège Général-Ferrié de Draguignan s’ouvrent devant des parents blottis sous leur parapluie. Les élèves pressent le pas : ce n’est clairement pas un temps pour être en short ou en jupe. Pourtant, c’est bel et bien le sujet principal de cette pause déjeuner. Les propos tenus par Jean-Michel Blanquer, appelant au « bon sens » et au port d’une « tenue républicaine »à l’école ne sont pas passés inaperçus à Draguignan.
À qui la faute ?
« C’est inadmissible, lâche Silva Paul, grand-mère d’une élève du collège. C’est à sa mère de réagir, mais je ne peux m’empêcher d’essayer de faire comprendre à ma
petite-fille que ce n’est pas son choix vestimentaire qui pose problème, mais l’éducation des garçons de sa classe. » La sexagénaire ne peut cacher son mécontentement et hausse le ton. « Il faut leur apprendre à regarder les filles différemment. »
Déjà trop tard ?
Ces dires attirent l’attention d’une maman, Samira Guezguez, qui n’hésite pas à faire part de sa frustration sur le sujet : « L’éducation des garçons n’est plus le seul problème. Il faut aussi faire comprendre aux jeunes filles que plaire n’est pas leur mission première et que, quand bien même elles souhaitent le faire, cela ne se fait pas seulement via un style vestimentaire, mais aussi par leur intelligence. » Soudain, la conversation coupe court sous les rires des enfants de Samira qui fuient l’orage. À quelques mètres de là, toujours le même débat, mais de la bouche de deux collégiennes. « Je trouve qu’on doit s’habiller comme on le veut, soutient Faiza, 12 ans. On ne devrait pas changer car les garçons nous regardent mal… ». Mais son discours tombe à plat lorsque Chaima, 14 ans, réalise que « nous avons déjà changé… On n’ose pas s’habiller plus léger par peur de se faire embêter… Nous n’avons pas besoin que le ministre dise cela pour déjà revoir notre garde-robe… » Cependant, « on ne comprend pas pour autant ce que c’est qu’une ‘‘tenue républicaine’’, remarque Faiza. À quel moment un vêtement nous rend-il vulgaire ? Ce n’est pas clair ».