À Marseille, Olivier Véran tente d’apaiser les tensions
En visite à Marseille, le ministre de la Santé Olivier Véran a tenté de désamorcer la colère des élus et restaurateurs. Il a défendu ses annonces de vendredi, qu’il a qualifiées de « nécessaires »
O «n ne peut pas se permettre de tergiverser ». En visite à Marseille, où élus et restaurateurs sont vent debout contre les nouvelles restrictions destinées à enrayer la Covid-19, le ministre de la Santé Olivier Véran a défendu ses annonces, « nécessaires » mais « pas arbitraires». « J’ai parfaitement conscience que certaines des mesures font débat (...) soulèvent des inquiétudes, des interrogations, voire de la colère » ,a reconnu M. Véran lors d’une conférence de presse à l’hôpital public de la Timone. « Ces mesures, elles sont nécessaires, elle sont temporaires, mais elles ne sont pas arbitraires ».
Tous réunis devant le tribunal de commerce
Le gouvernement a placé mercredi Marseille – qui détient le record de France métropolitaine du taux d’incidence de la maladie le plus haut (à 281 cas pour 100 000 selon les autorités) – en « zone d’alerte maximale » et annoncé notamment pour la métropole Aix-Marseille la fermeture totale des bars et restaurants pour 15 jours à compter d’aujourd’hui samedi. Ces annonces ont provoqué un tollé chez les élus locaux de tous bords de la région, et chez les restaurateurs et cafetiers (nos éditions d’hier). Hier matin, plusieurs centaines d’entre eux, soutenus par des élus, se sont rassemblés devant le tribunal de commerce de Marseille, où ils disent craindre de devoir bientôt déposer le bilan, selon le patron local de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie, Bernard Marty. Devant le tribunal de commerce, Hugo Chauffournier, gérant d’un bar sur le VieuxPort, a assuré vouloir continuer à « militer démocratiquement pour le moment ». « Mais si ça ne marche pas, il va falloir penser à d’autres solutions », garde. Unis contre les mesures gouvernementales, annoncées sans concertation selon eux, des élus de tous bords ont rejoint la manifestation. a-t-il mis en
Climat de défiance
Sur Twitter, avec le hashtag « #RESISTANCE », l’adjointe à la maire de Marseille Samia Ghali (divers gauche), présente au rassemblement, a prévenu : « Si cette décision est maintenue, la ville de Marseille n’apportera pas son concours pour mettre en place les fermetures ». L’élue a aussi précisé soutenir la démarche du président Les Républicains (LR) de la région Renaud Muselier, qui a annoncé qu’il déposerait un référé-liberté contre l’arrêté préfectoral imposant les nouvelles mesures. Côté majorité présidentielle, dans une lettre commune au ministre de la Santé, les députés La République en Marche (LREM) des Bouchesdu-Rhône ont mis en garde contre « un climat de défiance », et lui ont demandé de réévaluer la situation au bout d’une semaine, au lieu de 15 jours comme annoncé. En attendant que la situation s’améliore d’elle-même, « nous risquons de devoir prendre des mesures encore plus fortes que celles que nous venons d’annoncer », leur a répondu le ministre. L’arrêté qui doit définir ces nouvelles mesures polémiques n’avait toujours pas été publié hier après-midi. Va-til concerner l’ensemble de la métropole Aix-Marseille, qui couvre 3 000 km² et compte 1,8 million d’habitants répartis dans 92 communes ? Quand va-t-il entrer en vigueur ? Interrogé en conférence de presse, Olivier Véran a évoqué « que ce soit le dimanche plutôt que le samedi ». Le tour de vis annoncé mercredi dans la lutte contre la Covid-19 a aussi suscité de vives réactions à Paris ou à Nice, deux des 11 métropoles où les bars devront fermer à 22 heures dès lundi.
Didier Raoult s’en mêle
À Marseille, le professeur Didier Raoult a quant à lui relancé vendredi le débat autour des chiffres de l’épidémie et de la nécessité de nouvelles mesures, affirmant que « les données de Santé Publique France (consolidées) n’ (étaient) pas en mesure de justifier la moindre panique » à Marseille. Une analyse partagée par les élus opposés aux nouvelles mesures, mais nuancée par Sophie Vaux, épidémiologiste à Santé Publique France : « Dans certaines régions, il y a peut-être une stabilisation, mais on reste très prudents ». Chef du service anesthésie réanimation de La Timone, le professeur Nicolas Bruder a lui aussi mis en garde : « Si ça continue à augmenter on va être dans une situation vraiment critique à la fois pour les patients Covid et les autres. Il faut absolument que ça s’infléchisse ».