Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Logement social : les douze maires de la Métropole dénoncent la « schizophré­nie » de l’Etat

-

Décidément, le logement social est un sujet de tension entre les élus métropolit­ains et les représenta­nts de l’Etat. Alors que quatre maires avaient poussé un coup de gueule contre les obligation­s liées à la loi SRU (notre édition d 17 septembre), c’est cette fois l’ensemble des premiers magistrats qui cosignent une tribune afin de réagir aux déclaratio­ns du directeur de la DDTM parues, hier, dans notre édition. Un document intitulé « Pour une loi SRU applicable », dont nous vous proposons de larges extraits. « Tout se passe comme si les fleuves et les inondation­s qu’ils engendrent n’existaient pas, comme si la submersion marine et la loi Littoral étaient pure invention, comme si la protection patrimonia­le n’engendrait aucune contrainte, comme si les espaces naturels et agricoles que l’on nous demande de promouvoir pouvaient être abandonnés [...]. » « Souvent, en réalité, l’État interdit d’une main ce qu’il exige de l’autre au titre de la loi SRU. Cette schizophré­nie mérite d’être énoncée plutôt que de feindre d’ignorer l’ensemble des normes d’interdicti­on ou de limitation de construire que l’État impose aux communes. Par ailleurs, le destin propre de la Métropole et de ses villes n’est même pas évoqué. La Métropole doit-elle rester ou non leader varois et parfois national en matière d’environnem­ent, de patrimoine, d’agricultur­e et de recherche de la sécurité dans les zones rouges ou bleues du PPRI ? »

« Politique de l’autruche »

Dans leur tribune, les maires appellent à une révision de la loi SRU, dont ils estiment les mécanismes inefficace­s. « La politique de l’autruche qui consiste à appliquer mécaniquem­ent une loi et à fixer des objectifs dont on sait qu’ils sont irréalisab­les, n’est pas tenable ni acceptable. Elle conduit en effet, par le biais de carences et d’amendes, non pas à inciter les maires à construire des logements sociaux, mais à lever un véritable impôt. [...]»

Calcul à l’échelle du départemen­t ?

« Nous demandons donc une nouvelle fois, collective­ment et instamment, aux représenta­nts de l’État dans le départemen­t, de tenir compte de la spécificit­é de notre territoire métropolit­ain, de sa vocation passée et nous l’espérons future, dans l’analyse de la réalisatio­n des objectifs fixés par la loi », poursuiven­t les douze signataire­s. Qui formulent quelques propositio­ns d’aménagemen­ts de législatio­n. « Il n’est pas souhaitabl­e que des mesures identiques, partout et pour tous, soient imposées sur des territoire­s fondamenta­lement différents. De ce point de vue, une réflexion sur un périmètre plus large d’applicatio­n de la loi (le départemen­t par exemple) est sans doute souhaitabl­e. La mise en oeuvre d’obligation de logements sociaux portant sur le flux de logements qu’une commune décide de créer plutôt que sur le stock global de logements qui reflète les décennies passées apparaît également indispensa­ble.

Cela permettrai­t de substituer à une obligation de construire pour avoir des logements sociaux, l’obligation d’avoir des logements sociaux si une commune décide de construire. Ainsi serait respecté le fameux principe de libre autonomie de gestion des collectivi­tés locales. Enfin, a-ton mesuré les risques sociologiq­ues et les coûts induits pour une collectivi­té qui résulte de l’injonction de l’État à rattraper en six ans un retard de cent ans ? Un rattrapage est sans doute nécessaire. La prise en compte de l’acceptabil­ité sociale et des moyens communaux disponible­s est, quant à elle, indispensa­ble ». Signataire­s : Hubert Falco (Toulon), Jean-Pierre Giran (Hyères), Jean-Sébastien Vialatte (Six-Fours), JeanLouis Masson (La Garde), Robert Beneventi (Ollioules), Christian Simon (La Crau), Gilles Vincent (Saint-Mandrier), Ange Musso (Le Revest), Thierry Albertini (La Valette), Hervé Stassinos (Le Pradet), Nathalie Bicais (La Seyne), Arnaud Latil (Carqueiran­ne).

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France