Offrez-vous une finale !
S’ils veulent prolonger leur rêve, les Toulonnais doivent éliminer Leicester, une équipe en reconstruction qui a toujours eu le goût du jeu d’avants. Une dernière marche avant la finale
Entre les intempéries, les mesures sanitaires évolutives de la Covid et les nombreuses blessures qui affectent déjà l’effectif toulonnais, Patrice Collazo a dû jouer les contorsionnistes cette semaine pour adapter son management et son équipe à la situation. Mais le coach toulonnais était déjà trop focus sur cette demi-finale pour se perdre dans ces contretemps et ainsi risquer de s’éloigner de l’essentiel. Une demi-finale, ça se gagne. C’est tout ! Et Patrice Collazo est bien placé pour le savoir qui, après en avoir remporté plusieurs en tant que joueur, en a perdu quelques-unes ces dernières saisons dans son rôle de manager. On pense notamment à celle du Top 14 2016-2017 lâchée par La Rochelle dans les derniers instants face au RCT. Mais aussi, et surtout à cette demi-finale de Challenge cup encore perdue en 2017 par les Maritimes, cette fois à domicile (14-16) face à Gloucester qui n’était pourtant que 8e de Premiership…
De dangereux clients
Patrice Collazo ne peut pas avoir oublié. Et pour que l’histoire ne se répète pas, il a naturellement mis en garde ses joueurs, notamment ses avants sur le risque de rester en rade, totalement frustrés, si près du but : « Je leur ai dit de faire très attention car l’étau se resserre. Là, on est dans un entonnoir. Il n’y a qu’une place pour aller en finale et il y a deux gros paquets. Donc je ne pense pas que l’on va tous pouvoir entrer par la même porte. Il va falloir faire un choix. Soit c’est eux, soit c’est nous. » Même les évidences sont parfois bonnes à rappeler. Leicester a beau avoir perdu de son lustre passé et se morfondre aujourd’hui à la 11e place de son championnat domestique, les Tigres, dont la plupart des joueurs évoluent encore dans leurs sélections nationales, restent de dangereux clients. A fortiori s’ils sont blessés et dos au mur, comme ce sera le cas ce soir… Qualifié sur tapis vert face à Castres en demi-finale, Leicester a encore la possibilité de sauver sa saison en remportant ce trophée. Les Tigres ne vont donc pas se déplacer pour la regarder passer : « Ce week-end va être un vrai défi. Mais nous allons y aller et tout donner. On n’y va pas pour perdre. Nous y allons pour jouer notre jeu, mais nous ne nous faisons aucune illusion quant à la difficulté que cela va être et à l’hostilité du stade Mayol », a précisé le deuxième ligne Harry Wells auprès de nos confrères britanniques. Est-ce à dire que cette demifinale sera aussi dure pour le RCT que les précédentes rencontres entre les deux clubs en Champions cup ces dernières saisons ? Rien n’est encore écrit et les Toulonnais savent parfaitement ce qu’il leur reste à faire pour s’éviter de galérer. Prendre rapidement l’ascendant physique et psychologique devant et convertir cet avantage en points sonnants et trébuchants...Tout le monde l’a maintenant compris. Entre deux équipes aux ADN un peu similaires, le combat sera obligatoire et prioritaire. Mais cette fois, les Toulonnais devront se souvenir que ce n’est pas une fin en soi... Comme face aux Scarlets, « c’est le genre de match où il faut scorer vite pour se libérer. Mais quand ce n’est pas le cas, on se fragilise au niveau de la confiance et on doit batailler tout le match », a aussi rappelé le coach. Certes, cette demi-finale de Challenge cup arrive sans doute un peu tôt pour deux formations en reconstruction. Mais après avoir réussi à s’y hisser, les Toulonnais qui en ont fait leur premier objectif ne doivent surtout pas s’y arrêter. D’autant plus avec la perspective de plus en plus probable de pouvoir recevoir également en finale en cas de qualification.
Question d’équilibre
Après son investissement total en quart de finale, Ollivon ne doute pas de la mobilisation du groupe : «On s’entraîne pour des matches comme ça. Je pense que la motivation est toute trouvée. Il faut être très enthousiaste et avoir beaucoup d’envie, mais aussi rester dans ce que l’on sait faire et rester dans notre cadre. Il y a un juste milieu à trouver et je compte bien le faire », a précisé le capitaine des Bleus cette semaine. Question d’équilibre, il ne faudra surtout pas s’enflammer avant d’avoir éteint le feu anglais, au risque de se faire contrer par une redoutable ligne de trois-quarts (au moins sur le papier). Non, ce soir, le RCT, cette fois emmené par Louis Carbonel, doit juste s’appliquer à posséder le ballon et essayer de « détruire » les fondations adverses pour mettre sa charnière et son attaque dans les meilleures dispositions au cas où des espaces s’ouvriraient. Et personne ne lui en voudra si d’aventure, à la fin, il s’est contenté du strict minimum et ne doit finalement, sa victoire qu’au travail de sape et d’usure de ses avants : car une demi-finale, ça se gagne. Point final !