L’hommage des Toulonnais
Des centaines de personnes se sont rassemblées sur la place de la Liberté hier en fin de journée. Pour saluer la mémoire de Samuel Paty. Et défendre la liberté d’expression… et d’enseigner
L’émotion était vive, hier, devant la fontaine de la place de la Liberté. Un site, un nom lourd de symboles, au lendemain de l’assassinat d’un professeur d’histoire-géo à Conflans-Sainte-Honorine dans les Yvelines. À l’appel des syndicats, ou simplement parce « qu’il n’était pas possible de rester tranquillement à la maison aujourd’hui », quelque 600 personnes ont spontanément convergé vers le centre-ville en fin de journée. « On est là pour le collègue qui est tombé en faisant son métier, souffle Pascal, professeur au lycée Rouvière, encore sous le choc. Ce genre d’acte horrible, ça ne peut pas perdurer. La liberté d’expression, c’est essentiel. On se sent tous concernés. Ce n’est pas une affaire de professeur. »
« Combattre la barbarie et l’ignorance »
Enseignants, élèves, citoyens, tous sont là, d’ailleurs. Sans distinction. Mines graves. Arborant, souvent, une pancarte « Je suis prof». Parmi la foule, André, retraité de l’Éducation nationale. « Il faut combattre la barbarie et l’ignorance, avec ses conséquences terribles pour la famille et les proches de ce professeur mais aussi pour la liberté d’expression, indique-t-il. Il faut se serrer les coudes, et lutter à la fois contre les effets et les causes de ces atrocités. » « Il y a deux choses, ajoute Clément Kerien, co-secrétaire du SNUippFSU, venu en soutien de ses confrères du secondaire. Le geste, d’abord, qui marque une défiance vis-à-vis de la laïcité et de la liberté d’expression dans les collèges, alors que justement, on doit pouvoir débattre de choses avec lesquelles on n’est pas forcément d’accord. Et le deuxième problème, c’est la liberté d’enseigner. On a des programmes qui sont en lien avec la République. Et ne pas pouvoir les apprendre aux enfants, c’est extrêmement triste. Surtout que cet enseignant avait pris toutes les précautions pour ne pas choquer une partie de ses élèves. Il faut une réaction forte de tout le monde, pas seulement des enseignants. La laïcité, non seulement elle s’enseigne, mais c’est un des principes fondamentaux de la République. »