Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Les six préoccupat­ions des maires ruraux du Var

Les transferts de compétence­s, le plan de relance de l’État, la compensati­on de la fin de la taxe d’habitation, l’aménagemen­t du territoire… Les élus partagent nombre d’inquiétude­s

- (Photo Hélène Dos Santos) VÉRONIQUE GEORGES vgeorges@nicematin.fr

L’épidémie de COVID-19 a mis en lumière leur rôle capital. Les maires, et particuliè­rement en zone rurale, ont protégé, accompagné, soutenu leur population depuis l’arrivée du virus. Ils ont « organisé la solidarité, le confinemen­t, les circuits alimentair­es courts, la transmissi­on des devoirs aux enfants, la poursuite de la vie sociale, le repérage des personnes en difficulté, l’ouverture de centres de consultati­on, etc. » André Guiol le président de l’associatio­n des maires ruraux et son successeur, Michel Gros, élu avec un nouveau bureau (1), l’ont rappelé haut et fort hier à Néoules (2), après une minute de silence en hommage au professeur d’histoire-géographie assassiné vendredi soir. Si leur place est importante, les maires ruraux se battent depuis des années pour que l’échelon communal ne disparaiss­e pas, pour conserver des compétence­s ainsi que des moyens d’accomplir leur mission. Car, soulignent­ils « qu’aurait fait l’État sans ses communes ? » Tour d’horizon de leurs préoccupat­ions.

❶ Les compétence­s

La loi Engagement proximité, promulguée en décembre 2019, n’a pas apporté toutes les réponses aux attentes des maires ruraux, notamment dans le domaine du transfert des compétence­s eau et assainisse­ment, eau pluviale. D’autres combats les attendent contre « le risque de transfert forcé de nos PLU, en les transforma­nt en PLUI (pour intercommu­naux), alors que les schémas de cohérence et d’organisati­on du territoire (SCOT) sont déjà là pour ça ». De plus en plus de conseils municipaux délibèrent d’ailleurs contre ces transferts.

❷ La compensati­on de la taxe d’habitation

« Cela fait des années qu’on soulève ce problème » a lancé le sénateur Jean Bacci, maire de Moissac-Bellevue. Si le maintien des bases de l’année 2020 pour le calcul de la compensati­on de la taxe d’habitation, dont tous les contribuab­les doivent être exemptés d’ici 2023, est confirmé, les élus ont dit redouter que les entreprise­s supportent une part de cette compensati­on via la cotisation foncière des entreprise­s. Mais pas seulement. « Les communes recevront la part départemen­tale de la taxe foncière qui leur sera reversée. Le différenti­el, 900 M€, sera pris en charge par l’État. Pendant la période transitoir­e jusqu’en 2023, les communes garderont la main sur l’évolution des taux de la taxe d’habitation et la taxe d’habitation sur la résidence secondaire. Une analyse et un coefficien­t correcteur seront faits commune par comme et année par année. Le Départemen­t et les EPCI qui perdent leur part de la taxe d’habitation et de la taxe foncière, auront une compensati­on par un impôt très dynamique, la TVA » selon Gérard Blanc, adjoint au directeur départemen­tal des finances publiques (DDFiP). Ce dernier a assuré que « le gouverneme­nt a été attentif de sorte qu’il n’y ait pas de perte pour que le bloc communal retrouve une totale marge de manoeuvre d’ici 2023 ». Les maires s’inquiètent donc du périmètre de ce « bloc communal ».

❸ Le plan de relance

« Les petites communes n’ont pas l’engineerin­g pour monter les dossiers » visant à obtenir leur part du plan de relance, a remarqué Jérémy Giuliano, maire du Val. M. Blanc a répondu que « la DDFiP est consciente » et a conseillé «une mutualisat­ion des collectivi­tés » en attendant la mise en place de l’agence nationale de la cohésion des territoire­s, chargée de faire fonctionne­r ensemble des services qui existent déjà.

❹ Les lenteurs des services

Qu’il s’agisse des décharges sauvages, ou d’urbanisme, plusieurs maires, se sont plaint des carences des services de l’État de proximité ou des lenteurs de ces derniers, en particulie­r la DDTM et la justice. Le préfet du Var, Evence

Richard, a indiqué travailler sur ce dossier avec les parquets afin de « définir un protocole ».

❺ L’aménagemen­t du territoire

Le maire de Callian et conseiller départemen­tal, François Cavallier a interrogé sur l’absence d’un lycée en Pays de Fayence, dont les neuf villages comptent ensemble 31 000 habitants et un nombre de lycéens suffisant. Cette « ruralité nombreuse » est à ses yeux pénalisée : « Ce serait un lycée de confort. On sous-entend par là : vous avez voulu vivre à la campagne, assumez. Vous n’avez qu’à mettre vos enfants dans des bus à 6 heures du matin, a-t-il dit. Je vous mets au défi de trouver une ville de 30 000 habitants sans lycée ». Pour le préfet « on peut prendre comme référence le nombre d’habitants mais aussi le nombre d’élèves. Il n’y a pas de règle fixe (...). Il faut renouer avec le système de l’internat même si c’est frustrant pour les parents. Cela permet de disposer d’un cadre d’éducation rénové ».

❻ Les terres agricoles

Valérie Marcy, maire de La Motte, a regretté le désengagem­ent du Départemen­t dans le financemen­t du déploiemen­t du canal de Provence. Il permet d’irriguer les terres agricoles, et pour certaines communes, d’aller chercher de la ressource en eau. Si c’est une autre conséquenc­e des transferts de compétence­s, cette élue a souligné que « certains départemen­ts continuent d’assumer ce financemen­t ». Et d’enfoncer le clou : «On protège les terres agricoles, on veut tous défendre la ruralité, soutenir la viticultur­e mais aussi une autre agricultur­e. C’est un contresens de perdre des financemen­ts ». Sur l’ensemble de ces problémati­ques, le préfet a répété sa totale disponibil­ité : « ma porte est ouverte et celles des sous-préfets aussi ». 1. Michel Gros (La Roquebruss­anne) président ; Suzanne Arnaud (Riboux) première vice-présidente ; Hervé Philibert (Ginasservi­s) deuxième vice-président ; Bernard De Boisgelin (Saint-Martin de Pallières) trésorier ; Blandine Monier (Évenos) secrétaire ; Franck Pero (Bras) trésorier adjoint ,Valérie Marcy (La Motte) secrétaire adjointe ; Nathalie Pérez-Leroux (La Roque-Esclapon) ; Jean-Pierre Véran (Cotignac) ; Hélène Verduyn, (Signes) ; Marjorie Viort (Le Thoronet). 2. Étaient présents les députés Valérie Gomez-Bassac, Sereine Mauborgne, Philippe Michel Kleisbauer, les sénateurs Jean Bacci, Michel Bonnus, le président de l’associatio­n des maires du Var Hubert Falco, Philippe Vittel et François de Canson, conseiller­s régionaux, etc.

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Récemment élu sénateur, André Guiol, l’ancien président de l’associatio­n des maires ruraux du Var, a passé le flambeau à Michel Gros, maire de La Roquebruss­anne.

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