cas de Covid- à l’Ehpad : « Sauver les résidents »
L’Ehpad Tonus de Draguignan vitamine est dans la tourmente depuis l’apparition de 50 cas de Covid. Lisa Chauvin, cogérante, détaille les mesures prises pour lutter contre cette « crise majeure »
Les résultats sont tombés vendredi : 37 pensionnaires (sur 72) et 13 salariés de l’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) Tonus vitamine, à Draguignan, sont positifs à la Covid-19. Une « catastrophe » pour sa cogérante, Lisa Chauvin. Pour l’heure, seul un résidant est hospitalisé sur les six symptomatiques. Alors que l’établissement est fermé depuis l’apparition du premier cas, mercredi 6 octobre, Lisa Chauvin fait le point sur les mesures prises pour gérer la crise.
Comment avez-vous réagi lorsque sont apparus les premiers cas ?
Le premier cas est apparu mercredi octobre. Dès le lendemain, l’établissement était fermé aux visites. Le laboratoire BioEstérel est venu faire les tests auprès de tous les résidants et tout le personnel. Les premiers résultats sont arrivés vendredi. Avec cinq positifs. À partir de lundi, des cas positifs dans le personnel sont apparus. Nous avons demandé à faire de nouveaux tests, mais il fallait attendre jours, donc jeudi.
Mais la propagation du virus s’est révélée active.
Effectivement, vendredi, nous avons eu les résultats [ pensionnaires et salariés contaminés, Ndlr].
Vous n’avez pas attendu ces résultats pour réagir.
Samedi , au lendemain du premier cas positif avéré, nous avons créé une zone Covid. Le médecin hygiéniste de l’hôpital d’Hyères, dépêché par l’Agence régionale de santé (ARS) nous a d’ailleurs félicités pour la rapidité de la mise en place de cette mesure.
Ce n’est pas tout…
Nous avons embauché une infirmière hygiéniste, et mis en place une cellule de crise Covid qui se réunit tous les jours. Nous avons demandé aux proches des cinq premiers pensionnaires positifs de se faire tester, et n’avons pas eu de retour sur un cas contact contaminé.
Et aujourd’hui [samedi] ?
Ce matin pas de nouveau positif. Le premier malade, membre du personnel, a été testé négatif. Il est revenu travailler.
Comment avez-vous communiqué avec les familles ?
Elles ont été prévenues tout de suite, dès le premier jour. On n’a rien caché. Hier [vendredi], quand sont tombés les derniers résultats, on a de nouveau communiqué avec les familles.
Il y a quelques mois, certaines familles vous avaient reproché d’appliquer des mesures sanitaires trop strictes. Comment la Covid a-t-elle pu entrer dans l’Ehpad ?
On nous avait dit de faire des zones séparées, on a fait intervenir les gens compétents, on a suivi les consignes… Ça n’a servi à rien. On est désolés.
On vous sent touchée…
C’est évident qu’on se remet en question. Si on ne fait pas ça, faut changer de métier. J’ai des responsabilités, je les assumerais. Mais le sujet aujourd’hui, c’est de protéger, de sauver les résidants, de conserver le lien familial, et préserver nos soignants.
Comment vont les salariés ?
Notre personnel est dévoué, avec le sourire. Il faut valoriser son travail. Si aujourd’hui, on n’est pas en manque d’effectif, c’est parce que les valides acceptent de faire des remplacements.
Et les pensionnaires ?
Aujourd’hui, tout le monde est dans sa chambre. Les mesures de précaution sont renforcées. Mais tout évolue vite. La catastrophe est arrivée vendredi, je ne peux pas encore dire comment lundi on va pouvoir recréer des animations ou quand on va pouvoir rouvrir.
La question de la réouverture, pourquoi est-elle si importante ?
C’est primordial que les résidants gardent le contact avec leurs familles. Mais le problème, c’est qu’il faut faire l’état des lieux. Compte tenu des derniers résultats, les conditions de réouverture sont discutées. On va voir comment, dans les jours à venir, on peut gérer cette crise majeure. Et ce n’est pas une personne qui décide, mais bien une équipe pluridisciplinaire, avec l’ARS, l’hôpital de Draguignan, les équipes mobiles de gériatrie et de soins palliatifs, l’hospitalisation à domicile, les professionnels de santé de ville.
Vous avez aussi proposé aux familles de “reprendre” leur proche…
J’ai téléphoné hier aux familles des non-malades, pour leur proposer d’envisager, si c’était possible pour eux, en fonction de leur vie, de “reprendre” le résidant. Je l’ai fait parce que l’ARS me l’a demandé. C’était quelque chose à évoquer, avec l’objectif de ne pas faire naître de sentiment de culpabilité si ce n’était pas possible. Deux familles ont accepté.
Chez les familles, il y a parfois de l’incompréhension…
Je comprends que les familles soient dans l’émotion. Être privé d’un proche, âgé, sans savoir ce qu’il peut arriver demain, c’est terrible. Et on comprend aussi les résidants qui ont besoin d’attention.
Que va-t-il se passer désormais ?
On attend beaucoup de l’ARS, de l’expérience des autres, pour passer cette crise majeure. Et jeudi, tout le monde sera de nouveau testé pour constater l’évolution.