Var-Matin (La Seyne / Sanary)

À  ans, elle rencontre sa soeur pour la première fois

- ÉLISE MARTIN emartin@nicematin.fr

L’histoire n’est pas banale. L’année dernière, son fils et sa belle-fille décident de s’intéresser à leur arbre généalogiq­ue. Après plusieurs mois de recherches, ils découvrent une nouvelle branche à leur arbre… Claude aurait une demisoeur. « Au début, je n’y croyais pas. Je pensais qu’ils voulaient faire un film et qu’ils écrivaient le scénario. Mais une semaine après, je recevais l’extrait de l’acte de naissance d’une Jeanne, née en 1935 » ,sesouvient-elle émue. C’était le 8 août, juste après son anniversai­re. « Comme cadeau, j’ai eu une très belle surprise, raconte-elle en souriant. Celle de découvrir une grande soeur ».

« C’était plus que de l’émotion »

Au début, c’est un choc. À 83 ans, Claudie ne s’attendait pas à une telle nouvelle. Et pourtant, très peu de temps après la découverte, les enfants laissent leur mère échanger directemen­t avec sa soeur, après être entrés en contact avec la famille de Jeanne. « On a échangé des très beaux messages puis très vite, on a évoqué la possibilit­é de se rencontrer. » Cette fameuse rencontre s’est déroulée la première semaine d’octobre. Sa fille, Christine, qui l’a accompagné­e jusqu’à Roquemaure, près d’Avignon, raconte les moments avant le départ : « C’était important pour moi d’être près d’elle. Ça ne pouvait pas être autrement, soit mon frère ou moi. Comme il est en Suisse, ça s’est fait comme ça. On avait plein d’interrogat­ions. Dans la famille de Jeanne ou la nôtre, on voulait surtout les protéger. Une telle émotion, ça rend fragile. On savait que ça allait chambouler nos intérieurs à chacun. » Et ce fut le cas, la fille de Claude se souvient : « C’était plus que de l’émotion, c’était comme le trac avant d’entrer en scène. Je suis très contente d’avoir partagé ce moment avec ma mère et d’avoir rencontré cette nouvelle famille. » « Ma fille a pleuré, ajoute Claudie. Moi, je souriais beaucoup mais avec les yeux embués de larmes. » Un moment formidable et une immense joie d’agrandir la famille de cette manière. Mère comme fille, elles n’ont eu aucun doute quand ils ont vu Jeanne sortir de la voiture. Pour Christine, la ressemblan­ce entre les deux soeurs est frappante. Claudie, elle, avait l’impression de revoir une grande tante.

« On n’a pas besoin de tests ADN »

Pour Claude, c’est une évidence : même à 85 et 83 ans et après une vie sans se connaître, Jeanne et elle ont une vraie relation fraternell­e. « Il y a énormément de petits détails de la vie journalièr­e qu’on fait pareil. On utilise les mêmes produits, on a les mêmes goûts de couleurs. C’est quand même incroyable et ça paraît insensé. On n’a pas besoin de tests ADN, nous », rigole Claude. De toute sa vie, jamais elle ne se serait doutée qu’il pouvait y avoir une telle confidence au sein de sa famille. « C’est difficile d’en parler parce que c’était un secret. Personne n’est plus de ce monde pour que je pose une question. On reste avec un point d’interrogat­ion qu’on efface petit à petit parce qu’elle est heureuse, je suis comblée. On ne cherche pas plus loin. » Même s’il pouvait y avoir des regrets « du temps perdu », la Niçoise se satisfait de ce « bonheur qui lui est tombé dessus. » Claudie a déjà prévu de revoir «sa soeur surprise » comme elle l’aime l’appeler. En attendant, elles continuent de s’envoyer des messages et de s’appeler en vidéo. Encore un point commun : ce sont toutes les deux des cyber-mamies !

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(Photo Élise Martin) À  ans, Claude la Niçoise a rencontré pour la première fois sa soeur aînée au début du mois d’octobre.

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