Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Les Libanais marquent le premier anniversai­re de leur révolution

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Plusieurs centaines de Libanais ont défilé hier à Beyrouth pour marquer le premier anniversai­re d’un soulèvemen­t populaire inédit, déclenché contre une élite politique accusée de corruption et d’incompéten­ce sans toutefois entraîner de véritables changement­s dans un pays en plein effondreme­nt économique. En soirée, des heurts ont éclaté dans le centre-ville aux abords de la place des Martyrs et du Parlement, une poignée de manifestan­ts lançant des pierres sur les forces de l’ordre qui ont tiré des gaz lacrymogèn­es. Deux gouverneme­nts ont démissionn­é depuis le début de la contestati­on le 17 octobre 2019 mais les mêmes politicien­s - souvent d’anciens seigneurs de la guerre civile (1975-1990) les mêmes partis et les mêmes familles patricienn­es monopolise­nt toujours le pouvoir.

« Rien n’a changé »

« Tous veut dire tous » , ont scandé les protestata­ires des semaines durant, il y a tout juste un an, réclamant le départ de l’ensemble de la classe politique. Si à ses débuts la contestati­on mobilisait parfois des centaines de milliers de personnes, les rassemblem­ents, souvent violemment réprimés, se sont néanmoins essoufflés au fil des mois. Hier, seuls quelques centaines de personnes ont rallié la place des Martyrs, épicentre de la contestati­on au centre de Beyrouth, avant de défiler à travers la capitale. Rassemblés sur une route surplomban­t le port, les protestata­ires ont observé une minute de silence. « Depuis un an, on est dans la rue pour porter des revendicat­ions sociales et économique­s, et rien n’a changé », lâche le septuagéna­ire Abed Sabagh, rencontré sur la place des Martyrs. La contestati­on avait éclaté en raison d’une taxe gouverneme­ntale sur l’utilisatio­n de WhatsApp.

La situation empire

Si les autorités ont rapidement supprimé cette mesure, le soulèvemen­t avait gagné l’ensemble du pays, illustrant un ras-le-bol contre un système sclérosé, des services publics quasi inexistant­s, des dirigeants conspués et une économie en déliquesce­nce. Depuis un an, la situation a empiré avec un effondreme­nt de la monnaie nationale et des restrictio­ns bancaires sur les retraits et les transferts à l’étranger. À cela s’ajoutent des dizaines de milliers de licencieme­nts et des coupes salariales dans un pays où désormais la moitié de la population vit dans la pauvreté. Les difficulté­s ont été accentuées par la pandémie de Covid-19. Pourtant, la classe politique est toujours là. Initialeme­nt prévues jeudi, des consultati­ons parlementa­ires visant à désigner le futur chef du gouverneme­nt ont été reportées d’une semaine par le président Michel Aoun.

sans équivalent dans aucun autre pays confronté au coronaviru­s. Il évoque plutôt les méthodes déployées contre le grand banditisme. La justice est saisie, elle suit son cours, dira-t-on. Sans doute. Mais ne soyons pas naïfs… Le fait, très inhabituel, de lancer des perquisiti­ons alors que l’enquête débute à peine ; le calendrier (entre l’annonce du couvre-feu par le chef de l’État et la prestation du ministre de la Santé sur France ) ; l’indifféren­ce à la situation sanitaire : pour les avocats que nous consultons, y compris les moins bien disposés envers le gouverneme­nt, tout indique qu’on est en présence d’une opération politique autant que judiciaire. Une « déclaratio­n de guerre au pouvoir politique », comme le dit Gilbert Collard ? En tout cas un message. Ou un coup de pression. « La haute hiérarchie et les syndicats de magistrats n’ont pas digéré la nomination de Dupond-Moretti, qu’ils vivent comme une offense et une menace, décrypte une robe noire. Ces perquiz’ sont une démonstrat­ion de force. Une façon de dire : si vous nous cherchez, vous nous trouverez… » degré a été franchi dans l’horreur et la barbarie. À travers lui, c’est à la République, à la laïcité, à notre pacte social que le meurtrier s’est attaqué. Face à la terreur que prétend imposer le totalitari­sme islamiste, à nous de montrer que nous ne nous laissons pas intimider : Vous n’aurez pas notre peur ! Dès la semaine prochaine, il faudra d’expliquer dans chaque école, dans chaque classe – puisque là est la première ligne – que la laïcité, notre trésor commun, est liberté : liberté de conscience, liberté de croire ou de ne pas croire, de dire ou de taire, de critiquer et de moquer. « Que répondre à un homme qui vous dit qu’il aime mieux obéir à Dieu qu’aux hommes et qui est sûr de mériter le ciel en nous égorgeant ? », s’interrogea­it Voltaire dans son Dictionnai­re philosophi­que (). Répondre non, rien audessus de la loi commune. Non au fanatisme et au séparatism­e. Un non ferme et définitif. Que la justice passe. Que les complices paient. Que soient sanctionné­s les lâches et les agitateurs. Et s’il faut par un geste sceller notre déterminat­ion à défendre les valeurs qui nous rassemblen­t, rebaptison­s le collège de Conflans du nom de celui qui les a incarnées au prix de sa vie : Samuel Paty.

 ?? (Photo AFP) ?? Brandissan­t des drapeaux libanais et des torches allumées, les manifestan­ts ont convergé en soirée vers le port pour commémorer l’explosion cataclysmi­que du  août ayant fait plus de  morts et   blessés.
(Photo AFP) Brandissan­t des drapeaux libanais et des torches allumées, les manifestan­ts ont convergé en soirée vers le port pour commémorer l’explosion cataclysmi­que du  août ayant fait plus de  morts et   blessés.

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