Palais tulle au château de La Napoule
L’artiste Ana Maria Hernando a installé ses oeuvres vaporeuses et monumentales dans la forteresse de bord de mer. Tout un monde de joie et de douceur à explorer jusqu’à fin novembre.
Elle avance. Un pied de parasol à la main. « Ça me sert à procéder à quelques ajustements quotidiens... », sourit Ana Maria Hernando. L’artiste argentine, qui vit dans le Colorado, redonne un peu de volume aux pièces monumentales qu’elle a inventées in situ pour le château de La Napoule. Avec précision, elle dompte le tulle. Ce tissu vaporeux, féminin et élastique. Elle le sculpte, le déplace, le presse, le froisse. Joue avec les tons, utilise sa transparence. Écrit une oeuvre en pleins et déliés. Là, dans le grand escalier de la forteresse médiévale restaurée par le couple Clews et transformée en fondation artistique en 1951, Ana Maria Hernando a déroulé des mètres de tissu rose pétale. Corail. Crème. Pour un ensemble tutu poudré, délicat.
« Exprimer notre capacité de réaction »
Bulle de tulle. Comme celui qui couvre les gambettes fuselées des ballerines. Qui donne de la tenue aux robes des mariées. Ou que l’on utilise encore dans les déguisements. « Un tissu léger, symbole de fête, de joie, de vie. Et que l’on peut utiliser en abondance... J’ai créé cette exposition alors que nous étions confinés. Et j’avais envie d’exprimer dans ces pièces la façon dont nous sommes submergés par les événements, les drames vécus et notre capacité de réaction, de sursaut, de rebondissement, de créativité. Le tulle permettait tout ça. Et, c’est une matière très française aussi. » [son nom vient de la ville de Tulle connue pour la fabrication de la dentelle, NDLR] Si la crise sanitaire a nourri l’inspiration d’Ana Maria Hernando, l’artiste a également dû composer avec des contraintes logistiques. « Quand j’ai remporté le prix de la fondation Clews, qui offre une résidence de création d’un an et une exposition ici, j’avais prévu de faire des oeuvres assez différentes. Avec des structures réalisées à l’extérieur. Ça n’a pas été possible. Alors, j’ai utilisé le bâtiment comme structure. »
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Il y a aussi le féminin sacré, propre au culte quechua, exploré avec dévotion dans ses Ñustas, des esprits féminins des montagnes. Sortes de créatures géantes en tulle flashy.
Écouter les oiseaux
Il fallait une Ñusta pour le San Peyre, le mont qui est à proximité immédiate du château mandolocien. L’artiste a imaginé une robe à destination de cet esprit, autour des oiseaux. «On est montés dans le San Peyre en groupes avec nos cercles à broder et du tulle transparent. L’idée, c’était d’écouter le bruit des oiseaux et de broder en fonction de ce qu’ils nous inspiraient. Une façon de graver aussi dans les mémoires ces petits êtres qui disparaissent au fil des années. »
L’utilisation du tissu est un hommage au féminin »