Var-Matin (La Seyne / Sanary)

L’apprentiss­age du haut niveau

Battus par une équipe de Bristol supérieure­ment armée, les Toulonnais n’ont pas à rougir de leur défaite. Mais ils doivent se remettre au boulot s’ils veulent pouvoir vraiment rivaliser bientôt

- PHILIPPE BERSIA

Ben voilà, l’aventure européenne 2019-2020 qui avait commencé l’an passé sur les chapeaux de roues s’est terminée samedi soir à Aix en eau de boudin. Une fois encore ! La troisième quand même... Comme pour confirmer qu’il faut commencer par perdre plusieurs fois avant de pouvoir espérer gagner une finale. Sauf exception, c’est la loi du genre ! Dure pour les Toulonnais vendredi soir, et même pour le Racing 92 hier, mais globalemen­t juste car elle finit par récompense­r celui qui le mérite vraiment. Et Patrice Collazo le sait. Malgré son horreur de la défaite et sa tristesse au coup de sifflet final, « pour ses joueurs et pour les supporters », il s’est montré beau joueur. Avec les siens et même avec Bristol, qui « mérite aussi sa victoire. Ils ont sorti une performanc­e énorme », relevait le manager général. Celle des Toulonnais fut aussi remarquabl­e à plusieurs niveaux. Mais globalemen­t, elle n’a pas été assez maîtrisée.

« Ils se paieront bientôt »

Que pouvait reprocher le coach à ses joueurs à l’issue du match ? D’avoir commis des fautes techniques rédhibitoi­res face à un tel adversaire ? Le jeu appelle faute et celui de Bristol, particuliè­rement vif et léché a clairement mis la pression sur le RCT. Un manque d’investisse­ment ou d’engagement ? Pas davantage. Les Rouge et Noir ont tout donné, d’abord pour ne pas sombrer puis pour essayer de renverser le match. Certains évidemment ont été plus performant­s que d’autres, mais personne n’a triché ou galvaudé les valeurs toulonnais­es : « Le match se joue peut-être sur cette touche à cinq mètres de notre ligne que l’on perd et qui amène l’essai. Mais je ne vais pas leur en tenir rigueur. Ils s’entraînent pour gagner. Aujourd’hui, on ne gagne pas, mais on a des fondations très solides pour la suite. J’ai hâte d’être à la suite. Ce soir (vendredi), je n’ai aucun reproche à faire aux joueurs », assurait le coach, déjà tourné vers l’avenir. Après avoir soldé le passé avec cette défaite en finale, Patrice Collazo est persuadé qu’il s’est encore rapproché du succès. « Les joueurs donnent trop d’eux-mêmes au quotidien pour ne pas un jour se payer. Je suis convaincu qu’ils se paieront bientôt », affirmait-il, tout à la fois solidaire et fier de ses hommes.

Leurs limites actuelles

Sur le fond, il a raison. Sur la forme, malgré leur abnégation et même leur talent, les Rouge et Noir, ont quand même touché du doigt leurs limites actuelles. On savait le Bristol de Radradra très porté sur le jeu et les espaces. On ne l’imaginait pas aussi performant dans tous les secteurs, et notamment devant, où les Ours n’ont jamais subi la loi des Toulonnais. C’était une des clés du match pour les Varois, et elle n’a pas fonctionné. Du coup, Bristol a beaucoup possédé le ballon et les Rouge et Noir ont trop subi et défendu pour pouvoir prétendre à la victoire.

Plus complet et plus spectacula­ire

Au passage, on aura aussi vu, une fois de plus, combien le jeu pratiqué en Premiershi­p pouvait être plus complet et plus spectacula­ire que celui que l’on voit régulièrem­ent en Top 14. Certes, les hommes de Pat Lam ont repris la compétitio­n depuis le 15 août, ce qui devait leur donner une petite avance sur le RCT en termes de repères et de rythme. Mais la différence dans l’exécution et la répétition des tâches, peut-être encore exacerbée par la surface synthétiqu­e du stade Maurice-David, était si importante vendredi soir qu’il n’y a pas tant de regrets à avoir après cette défaite. Non. Les Toulonnais peuvent être déçus, bien sûr, mais ils n’ont surtout pas à rougir de cette défaite. Pour gagner face à une telle armada, il aurait fallu qu’ils réalisent le match parfait... Ou au moins qu’ils ne ratent pas complèteme­nt leur entame. Comme ses coéquipier­s, Anthony Etrillard a payé pour voir et maintenant savoir : « Ce soir, on sait ce qu’est le haut niveau, constatait le valeureux capitaine toulonnais. Ça va nous faire grandir ! » Acceptons en l’augure comme Patrice Collazo, qui est déjà prêt à repartir au boulot : «Ilyaeutrop de belles choses pour que ça s’arrête là », a déjà annoncé le coach en guise de promesse pour la saison 2020-2021.

 ?? (Photo Luc Boutria/Dominique Leriche) ?? Déçus mais pas abattus, les Toulonnais vont reprendre le cours de leur histoire, plus forts qu’hier et moins que demain...
(Photo Luc Boutria/Dominique Leriche) Déçus mais pas abattus, les Toulonnais vont reprendre le cours de leur histoire, plus forts qu’hier et moins que demain...
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