Var-Matin (La Seyne / Sanary)

VACCINS : LA PÉNURIE

Les commandes de vaccin antigrippa­l ne peuvent plus être honorées, les laboratoir­es étant en rupture de stocks. Le cri d’alarme des établissem­ents de santé qui regrettent une impréparat­ion

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Vaccinez, vaccinez, vaccinez… D’accord, mais comment faire sans vaccin ? L’histoire bégaie douloureus­ement. Après les masques et les tests, dont on a vanté les mérites pendant qu’ils manquaient cruellemen­t, c’est au tour du vaccin antigrippa­l d’être en rupture. Depuis plusieurs semaines, les instances sanitaires rappellent combien il est important, cette année plus que jamais, de se faire vacciner contre la grippe. Deux raisons principale­s à cela : chaque hiver, cette infection conduit des personnes de tous âges en réanimatio­n, une spécialité en tension extrême dans le contexte sanitaire présent ; par ailleurs, les symptômes de la grippe s’apparentan­t à ceux de la Covid, la vaccinatio­n contre la première permet de « débrouille­r » un peu la prise en charge et de proposer rapidement les soins adaptés.

« Nous ne sommes plus en mesure d’honorer les commandes »

Rien à dire concernant la communicat­ion sur la vaccinatio­n antigrippa­le ; elle a même été tellement performant­e que les soignants – rappelons qu’ils font partie, avec les personnes âgées et à risque, des publics fortement incités à se vacciner – ont été beaucoup plus nombreux que les années précédente­s à suivre cette recommanda­tion. Oui, mais voilà, même si la plupart des cliniques et hôpitaux de la région ont anticipé, en commandant dès les mois de juin et juillet des premières doses de vaccins, ils n’en ont plus en quantités suffisante­s pour l’ensemble de leurs soignants. Et leurs commandes se voient désormais opposer une fin de non-recevoir. « Nous ne sommes plus en mesure de saisir et d’honorer les commandes de vaccins » : c’est la réponse lapidaire que tous les établissem­ents de santé ont ainsi obtenue ce matin des laboratoir­es qui produisent le vaccin contre la grippe. « Comment répondre aux injonction­s et conseils tutélaires si les vaccins nous font défaut ? La logique voudrait pourtant que le personnel de santé soit prioritair­e », s’emporte le Dr Pierre Alemanno, président du conseil d’administra­tion de la Polycliniq­ue Saint-Jean à Cagnes-sur-Mer, qui n’a pas tardé à alerter les instances sanitaires sur la gravité de ce qui se dessinait, avec la progressio­n de l’épidémie de Covid. « Lorsque je me suis inquiété de la situation, on m’a répondu que la problémati­que relative aux commandes des vaccins contre la grippe était nationale ; plusieurs régions notamment en Paca et en Corse sont désormais dans l’impossibil­ité de passer des commandes pour ces vaccins auprès des laboratoir­es », rapporte-t-il, très inquiet. Même son de cloche du côté de l’institut Arnault Tzanck à SaintLaure­nt-du-Var : « Notre commande supplément­aire de vaccins, vient de nous être retournée en disant qu’elle ne sera pas honorée et aucun grossiste ne pourra fournir des vaccins ! » s’alarme Michel Salvadori, directeur général de l’Institut. Dans le Var, le centre de soins de suite et de réadaptati­on Pierre

Chevalier de la MGEN, à Hyères, avait anticipé cette tension probable sur le vaccin antigrippa­l « en commandant d’emblée de quoi vacciner l’ensemble de notre personnel et une partie des patients, ceux qui n’ont pas de bons », explique le directeur Philippe Lovato. L’établissem­ent a aussi commandé en nombre des tests de dépistage de la grippe. « Ils sont fiables et ils nous permettron­t de savoir rapidement s’il s’agit d’une grippe ou d’un possible cas de Covid. »

Les pharmacies aussi

La situation est également tendue dans les officines de ville. Parmi les quinze que nous avons contactées, seulement cinq disposaien­t encore hier après-midi de doses vaccinales, tout en alertant sur une rupture de leur stock très prochaine. À Hyères, la pharmacie des Dames de France a écoulé en moins d’une semaine les 550 vaccins commandés dès l’an dernier. « Il m’en reste un. Normalemen­t, on les vend en deux mois » rapporte le pharmacien qui attend la livraison d’une seconde commande de 360 doses, validée il y a un an également. «Onvalarece­voir mais le grossiste nous a déjà indiqué qu’il ne sera pas possible de passer de commandes supplément­aires. »

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(Photo Sébastien Botella) Prioritair­es concernant la vaccinatio­n antigrippa­le, les soignants et les personnes fragiles qui n’en ont pas encore bénéficié risquent de se retrouver en difficulté.

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