Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Dix ans de prison pour les meurtriers d’Ichem

Malgré les plaidoirie­s de leurs avocats, Fahd Aachemi Raouafi, Mehdi Ben Makken et Jérôme Mugisha ont été reconnus coupables de coups mortels

- V. W.

Hier, après deux heures de délibéré, la cour d’assises du Var a reconnu coupables Mehdi Ben Makken, Jérôme Mugisha et Fahd Aachemi Raouafi de violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner sur la personne d’Ichem Guerriche, le 29 août 2015 sur le parking de la discothèqu­e Le Colisée à Saint-Raphaël. Ces violences ayant été commises en réunion, le tribunal a prononcé une peine identique de dix années de réclusion criminelle à l’ensemble du trio.

Le temps de la reconstruc­tion

Une décision « qui ne peut que satisfaire la famille d’Ichem Guerriche » a estimé le bâtonnier Lionel Escoffier, qui intervenai­t aux intérêts de la famille du jeune Fréjusien. « Cinq ans après, ces trois personnes sont enfin reconnues coupables d’avoir porté les coups mortels à Ichem. Cela ne le fera pas revenir, mais va permettre à la famille, et notamment sa mère, de se reconstrui­re. »

Jusqu’au bout pourtant, les avocats de la défense ont tenté d’inverser la tendance. Me Bernard Sivan, pour Jérôme

Mugisha rappelait en ouverture que « les doutes valent mieux que les fausses certitudes ». Des doutes, Jérôme Mugisha et ses amis n’en ont jamais eu : non, ils n’ont pas frappé Ichem Guerriche, même s’ils ont reconnu avoir participé à une bagarre.

Une disjonctio­n qui ne passe pas

Des doutes, Me Paul Sollacaro, intervenan­t pour Fahd Aachemi Raouafi, en a pour sa part relevé un certain nombre lors des différente­s déposition­s de Fabien S., principal témoin à charge et victime lui aussi de violences. « Est-il digne de foi ? Pour désigner M. Mugisha, il a plusieurs fois évoqué un panama en velours noir. Qui n’existe pas. Il a aussi mis en cause Nabil A., de manière constante. Jusqu’à ce que la juge d’instructio­n l’informe que ce n’était pas possible, car celui-ci est vu sur une vidéo au moment des faits. Alors Fabien S. désigne Fahd Aachemi Raouafi ! Et le voilà dans la boucle...»

Mais le noeud du problème pour les trois défenseurs venait de la disjonctio­n opérée lors de l’instructio­n entre les violences émises à l’encontre d’Ichem Guerriche et Fabien S. et celles commises par la suite sur une dizaine de personnes (1). « En faisant cela, on a coupé en deux la procédure dans le seul but d’éviter le chaos à l’audience, tempêtait Me Sallacaro. Alors que c’était ces violences qui s’avéraient mortelles. Plusieurs témoins l’ont affirmé : Ichem Guerriche a été frappé par la suite. » Les jurés ont néanmoins estimé que les coups mortels avaient été donnés auparavant par les trois Niçois. Arrivés libres au tribunal, les accusés repartaien­t entourés par les forces de l’ordre. Sur le banc des parties civiles, en pleurs, la cousine d’Ichem Guerriche restait de longues minutes assises. Toujours sous le choc cinq ans après. 1. Ces faits seront jugés dans les mois à venir par le tribunal correction­nel de Draguignan.

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(Croquis d’audience Rémi Kerfridin) Mes Sollacaro, Sivan et Bérard (de haut en bas) réclamaien­t l’acquitteme­nt de leurs clients. Sans succès.

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