« Impossible de se projeter » ,lecoup de gueule d’un restaurateur tropézien
Le débit est rapide et le ton courroucé. Au lendemain des déclarations de Jean Castex, Guillaume Poulain, gérant du restaurant Le Bagatelle dans la rue de l’Église à Saint-Tropez, exprime sa colère, entre la préparation de deux aïolis à emporter « juste pour survivre ». « À part parler de confinement, le Premier ministre n’a fait aucune annonce. Depuis le départ, on n’a aucune perspective. On est juste infantilisé. On ne peut rien anticiper : que doit-on prévoir pour Noël et le jour de l’An ? Peut-on accepter les réservations ? On fait l’effort d’être ouvert dix mois sur douze à Saint-Tropez et le nouvel An est une période importante pour nous. L’une des semaines de l’hiver où l’on travaille bien. Et on ne sait rien ! ».
Inquiet pour l’avenir
Le restaurateur revient sur les aides annoncées : « On nous parle d’un soutien financier. Très bien, mais pour l’instant, ma comptable n’est au courant de rien. Il y a plein d’annonces mais on a l’impression que c’est du vent, du pipeau ». Rappelant que les commerçants, restaurateurs et artisans sont les premiers employeurs de France, Guillaume s’insurge : « Le pire, c’est qu’on se sent jugés, montrés du doigt, stigmatisés pendant que les grandes surfaces restent ouvertes. J’entends des personnes dire leur bonheur d’être confinées mais peutêtre ne rencontrent-elles pas les mêmes difficultés financières que nous. Moi aussi j’aimerais bien passer du temps avec ma famille ». Le gérant s’interroge sur l’avenir : « Je travaille de 10 à 13 heures par jour, pour gagner péniblement 200 euros avec la vente à emporter. Et ça, sept jours sur sept. Tout cela pour payer mon loyer qui n’est pas donné comme souvent à Saint-Tropez. Les propriétaires n’ont pas l’intention de nous faire cadeau des échéances. Quant au report de charges, ça ne m’intéresse pas. Je préfère être à jour que d’avoir à payer le triple d’un coup. En revanche, si la situation ne s’arrange pas, je ne suis pas sûr de poursuivre mon activité. Je ne vais pas continuer à m’épuiser alors que je ne peux même pas me verser un salaire ».