Quand la Covid-19 se met à table
Au deuxième confinement, les restaurants ont fermé ou maintiennent la flamme sur le mode « à emporter ». Chefs d’entreprises, personnels, producteurs, fournisseurs... Tous sont frappés d’une punition inédite. À chacun sa colère, sa détresse ou son degré de résistance en attendant le prochain palier de strangulation. Pour la Covid-, le pire client qui ait jamais rôdé en salle ou en terrasse, c’est open bar. Virus « et » dessert. , année pathétique ! Hors de question, bien sûr, de prendre cette tragédie à la légère quand Covid le barbare met les pieds sur la table et le tenancier en joue, menacé, lui, de mettre la clé sous la porte. Mais comment écrire le plus justement pour redonner espoir et énergie à ces otages piégés par des fermetures à éclipses, rappelés à l’ordre pour reconstitution de clientèle dissoute ou accusés de désobéissance civile pour service à l’heure du couvre-feu ?
Magie et bricolage
Dans cette époque dévastatrice, aller au restaurant est donc partie remise, la gastronomie fait profil bas tandis que les exemples de résilience et de solidarité masquent la vague des défaillances annoncée. Plats à emporter, « click and collect », menus de chefs proposés à domicile... Autant de bouteilles à la mer pour sauver ce qui doit l’être : maintenir le lien social, travailler, exister. L’État injecte l’argent magique mais gâche la marchandise, baisse les rideaux, enchaîne maladresses et incohérences et cherche d’introuvables solutions dans le manuel de bricolage à l’usage des gouvernants. C’est son fait maison à lui, son parti, financier et assumé, de laisser des morts en route comme c’est le propre de toute pandémie de décimer sans distinction de métiers ou de mérites. À quand le point de rupture et qui seront les rescapés ? Les bons, les pros, les vertueux ? Rien n’est moins sûr. Pour l’heure, les restaurateurs sont rayés de notre quotidien, désignés comme des agents doubles au service de la pandémie, des tueurs en série, pire, des acteurs « non essentiels » et à haut risque. Reste l’espoir. Parce que c’est la vie. Le premier est celui d’un appel d’air avant les fêtes de fin d’année. Un avant-Noël a minima mais où l’on croirait encore à Noël. Le second, encore lointain, est celui d’une « vie d’après » dont on peut bien rêver, qui offrirait d’autres voies aux créatifs et aux entreprenants, où les chefs cuisineraient des histoires de plaisir et de gourmandise au mépris de tous les virus du monde, dans des lieux sans peur et sans distances qu’on pourrait appeler... restaurants.