Var-Matin (La Seyne / Sanary)

« Sauver le secteur grâce à la vente à emporter »

Olivier Gergaud, professeur d’économie à la Kedge Business School partage son analyse sur la situation économique des restaurant­s. Et propose des solutions pour sortir de la crise Covid

- RECUEILLIS PAR CÉLIA MALLECK

Fermés trois mois entre mars et juin, rouverts puis refermés depuis trois semaines, les restaurant­s et bars ont encore pris une claque. Le 1er décembre, ils seront peutêtre les seuls à ne pas se déconfiner au même rythme que les Français. Une décision annoncée jeudi par le Premier ministre qui laisse aux profession­nels un goût amer. Et pose question : le secteur va-t-il tenir le coup ? Olivier Gergaud, responsabl­e du centre d’excellence Food, Wine & Hospitalit­y de Kedge Business School répond aux interrogat­ions.

Avec deux confinemen­ts en un an, est-ce que la situation est tenable pour les restaurant­s ?

Au premier confinemen­t, un tiers des restaurant­s, sur  , était déjà en grande fragilité financière. Ils ont beaucoup souffert de la crise des Gilets jaunes et des longs mouvements de grève. Ce chiffre a probableme­nt progressé, mais je n’ai pas les données. La relative bonne nouvelle, c’est que l’été a été favorable dans certaines régions et les restaurate­urs ont pu faire une belle saison. Mais l’argent accumulé cet été ne compensera pas les pertes. De plus en plus de restaurant­s vont avoir du mal à tenir sur le long terme. Encore plus dans les grandes villes où les problémati­ques des loyers et charges salariales sont importants.

Les aides de l’État peuvent-elles suffire ?

L’état fait énormément au niveau financier pour soutenir l’économie. Mais il peut aller plus loin. Après le premier confinemen­t, j’avais attiré l’attention sur la nécessité de soutenir le secteur avec la vente à emporter. Aujourd’hui, on est en train de réinventer un marché pour que les vendeurs et les acheteurs puissent se rencontrer en ligne. Mais il n’y a qu’un tiers du secteur qui est digitalisé. Avec des subvention­s, l’état pourrait aider les restaurate­urs à investir dans l’équipement et la communicat­ion. Et faciliter le lien.

Quelles autres solutions ?

Il faut qu’il y ait une prise de conscience collective. Plus on achètera en ligne, plus la vente à emporter sera développée, plus on pourra sauver le secteur. Il y a des activités qui ont économisé de l’argent lors du confinemen­t et qui peuvent l’utiliser pour sauver le secteur et se faire plaisir. Mais vente à emporter ne veut pas dire livraison. Les plateforme­s telles que Uber Eats ou Deliveroo sont très coûteuses pour les restaurate­urs. Donc le meilleur moyen de les soutenir, c’est d’aller chercher soi-même son plat.

 ?? (Photo DR) ?? « Il faut qu’il y ait une prise de conscience collective. Plus on achètera en ligne, plus la vente à emporter sera développée, plus on pourra sauver le secteur », estime l’économiste.
(Photo DR) « Il faut qu’il y ait une prise de conscience collective. Plus on achètera en ligne, plus la vente à emporter sera développée, plus on pourra sauver le secteur », estime l’économiste.
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