Var-Matin (La Seyne / Sanary)

La filière horticole a les nerfs à fleur de peau

Fleuristes fermés, producteur­s dans l’inconnu du lendemain, aides qui tardent à venir... Michel Gueirard, président du marché aux fleurs d’Hyères fait le point sur les effets du reconfinem­ent

- VÉRONIQUE GEORGES vgeorges@nicematin.fr

L «es conditions étant différente­s du dernier confinemen­t, nous avons décidé dans un premier temps, de maintenir le fonctionne­ment normal du marché » indique Michel Gueirard, président de la Société d’intérêt collectif agricole Marché aux fleurs d’Hyères (Sica Maf). La situation reste complexe mais légèrement moins anxiogène qu’au printemps dernier. «Nos grossistes sont tous ouverts, prêts à travailler, ils continuent leur activité. Ils peuvent acheter sur notre marché pour alimenter leurs clients, nationaux et internatio­naux », précise-t-il. En effet, les frontières n’étant pas fermées, les commerces restent ouverts dans un grand nombre de pays et les marchandis­es circulent. « On est le seul endroit où le petit commerce est fermé. Dans d’autres, c’est le contraire », tempête d’ailleurs M. Gueirard.

 à  % du chiffre d’affaires habituel

Sur plus de cinq cents fleuristes de la région, une centaine achète sur le marché. « Leur fréquentat­ion a chuté de 40 % sur la vente au cadran, mais 50 % viennent encore sur le site », calcule le président. Ces profession­nels survivent grâce à la vente à distance avec un système de retrait de commande sur rendez-vous (« click and collect ») ou de livraison à domicile. À l’internatio­nal, Michel Gueirard

Réputées pour leur qualité, les fleurs varoises trouvent preneur lors de la vente au cadran, même si les volumes baissent. Elles iront sur le marché national ou seront expédiées à l’internatio­nal.

a bon espoir car actuelleme­nt, plusieurs espèces de fleurs françaises, produites dans le bassin hyérois, sont demandées à l’exportatio­n : l’anémone, la renoncule, le muflier, pour n’en citer que quelques-unes. « Sur les grandes fleurs (roses, gerberas, lys) qui sont produites aussi dans d’autres pays, ce sera peut-être plus compliqué. En espérant

que non », du Maf. Aujourd’hui, il estime que «la structure réalise en valeur 50 à 60 % du chiffre d’affaires habituel. Certaines fleurs sont proches du 100 % à des prix en légère baisse de 10 à 20 %. Mais d’autres fleurs sont proches du 20 % », relève-t-il. Il espère éviter les conséquenc­es

souhaite le président du premier confinemen­t : «Laprofessi­on avait perdu 5 millions de chiffre d’affaires sur le site du marché et comme on représente 80 % du marché de la fleur coupée du Var, on avait perdu 500 000 euros. Et encore, on avait pu sauver les meubles. C’est ce qu’on essaie encore de faire ». À l’époque, la Sica Maf avait mis des employés au chômage partiel. Cette fois «les personnes des services administra­tifs sont en télétravai­l, et on a organisé un turn-over pour les manutentio­nnaires et les vendeurs sous forme de chômage partiel. On s’adaptera en fonction des ventes. On espère surtout que ce reconfinem­ent ne durera pas plus d’un mois ».

La réouvertur­e des fleuristes attendue

Ancien horticulte­ur, producteur d’anémones et d’arums, dont le fils a repris l’exploitati­on (pivoines et vignes), Michel Gueirard est perplexe depuis la décision de ce nouveau confinemen­t : « Les fleuristes doivent être fermés, les jardinerie­s restent ouvertes. Il y a plein de monde dans les grandes surfaces, les petits commerces restent fermés, comme si c’étaient eux les responsabl­es de la pandémie. Tout cela manque de cohérence », commente-t-il. La profession est impatiente. « Les horticulte­urs, les exploitant­s ne peuvent pas arrêter de cultiver. Ils ont des frais, du chauffage, des salariés parfois. On vend une partie de leur production, mais ils perdent en valeur et en quantité… Plus l’inconnu du lendemain », précise le présiden. Qui demande : « La fleur est et doit être considérée comme un produit périssable, il faut la sortir de la liste des produits non essentiels ».

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