« L’émir » qui aurait endoctriné Brahim A.
« On ne se radicalise pas en quelques heures en France, pas plus qu’en quelques jours en Italie. » Cette déclaration d’une source proche du dossier semble confirmer que Brahim A. a sans doute quitté la banlieue de Sfax en Tunisie avec la rage au ventre. Dans un long reportage publié par nos confrères de Libération sous le titre : « Attentat de Nice : les relations douteuses de Brahim A en Tunisie », c’est le portrait d’un jeune semi-délinquant passé sous l’emprise d’un groupe salafiste qui est dressé. Issu d’une famille pauvre, Brahim est un petit voyou, mal dans sa peau, presque analphabète. Lors d’un simple différend dans le garage qui l’emploie en 2016, il poignarde à la gorge d’un coup de tournevis un client dont il était censé réparer la moto. Brahim passe quelque temps en maison de correction. Il ne semble alors pas particulièrement pieu. Les femmes, l’alcool, le cannabis et la passion des motos semblent être son seul horizon. Mais ses amis sont témoins d’une lente métamorphose.
Le « mitraillage » d’une danseuse du ventre
La station-service clandestine qu’il gère, pour son propre compte, dans le quartier pauvre d’Ennsar est d’abord un lieu de débauche, mais très vite, ces derniers mois, apparaît dans l’entourage du jeune homme qu’on appelle « Le Rouge », en raison de la couleur de sa peau, un groupe de salafistes. Brahim alors change peu à peu sous l’emprise de celui qu’il nomme « l’émir ». Farid, commerçant du quartier, se souvient d’une scène étrange et peut-être prémonitoire. La diffusion d’un vieux film égyptien qui met en scène une danseuse du ventre rend fou l’assaillant de Nice qui s’empare d’un balai, l’empoigne comme s’il s’agissait d’un kalachnikov et fait mine de mitrailler l’écran impie. « L’émir » qui a repris le commerce clandestin du tueur de Notre-Dame et pourrait avoir conduit Brahim A. sur le chemin d’une radicalisation lente mais absolue a été entendu par la police tunisienne, sans qu’aucune charge ne soit encore retenue contre lui.